Le Directeur Général de l’Ecole Nationale de Formation Judiciaire (ENFJ), M. Senoussi MAHAMAT ALI, se prononce sur la situation de son établissement. Interview exclusive !
Chagra Médias : M. Le Directeur Général, depuis plus d’un an, la formation initiale a redémarré. Comment cela se passe à l’ENFJ ?
M. Senoussi MAHAMAT ALI : Depuis la suspension de la formation initiale en 2016, sur instruction de la haute hiérarchie, l’ENFJ a recommencé la formation en 2022, grâce aux appuis multiformes du Chef de l’Etat, Mahamat Idriss Déby Itno. Cette situation a donné un nouveau souffle à notre institution qui se doit de contribuer au renforcement des capacités des acteurs judiciaires dans notre pays.
Le dernier concours organisé dans le strict respect des textes en vigueur a permis de disposer des élèves de très bon niveau qui prendront demain le relai dans nos différentes juridictions.
Chagra Médias : Combien d’élèves formez-vous en ce moment ?
M. Senoussi MAHAMAT ALI : Nous avons à ce jour cent (100) auditeurs de justice civils dont cinquante (50) francophones et cinquante (50) arabophones, trente-sept (37) auditeurs de justice militaire accompagné de dix-neuf (19) greffiers militaires.
Leur formation se déroule bien avec la mise à leur disposition de nos meilleurs cadres nationaux dans les matières judiciaires. En outre, nous comptons associer des expertises étrangères pour les acteurs militaires afin de mieux parachever cette formation.
Chagra Médias : Dans quelle condition se déroule cette formation ? Est-ce que les élèves sont dans des bonnes dispositions ?
M. Senoussi MAHAMAT ALI : Il convient de rappeler qu’en 2022, le Chef de l’Etat a financé (sur le budget de la présidence), un amphithéâtre et deux salles de formation. Ceci a été d’un grand apport pour notre jeune école. Nous espérons que ces efforts vont se poursuivre pour doter l’ENFJ des infrastructures supplémentaires à la hauteur des ambitions de la réforme judiciaire dans notre pays. C’est pour ça que l’actuelle promotion a été dénommée MAHAMAT IDRISS DEBY ITNO, par le Conseil d’Administration.
Lors de la première année de formation (2023), nous avons requis auprès de la haute hiérarchie, l’augmentation du budget de l’école qui était de 200 millions de FCFA, afin de prendre en charge les dépenses afférentes à la formation initiale et le Chef de l’Etat a donné suite pour une allocation supplémentaire. Nous avons longtemps attendu et finalement rien a été versé.
Ainsi, avec notre budget de 200 millions, appelé budget salaire, nous avons pu honorer la bourse d’équipements (100 000 FCFA) ainsi que de trois mois de bourse d’étude (75 000 FCFA) aux auditeurs civils. Cependant, neuf (9) mois de bourse en 2023, n’ont pas été honorés.
Finalement en 2024, le budget a été revu en hausse et le Conseil d’Administration a entériné douze (12) mois de bourse pour cette année qui est versée de manière régulière.
Chagra Médias : Il y avait des rumeurs de grève des auditeurs de justice. Qu’en dites-vous ?
M. Senoussi MAHAMAT ALI : Les auditeurs ont demandé non seulement le versement de douze (12) mois de bourse en 2024, mais ils avaient exigé en même temps, les arriérés de neuf (9) mois de 2023 avant de commencer les cours. Lors de nos rencontres, ils ont bien compris que le budget 2024 ne peut pas supporter les arriérés de 2023. Cependant, la Direction Générale de l’école a confirmé que le budget de cette année supportera le versement régulier de douze mois de bourse. Depuis lors, les auditeurs poursuivent normalement les cours afin de nous permettre de tenir le calendrier de base, à savoir parachever cette formation en deux ans, soit 24 mois. Ainsi, on favorisera leur intégration éventuelle en 2025 si Dieu le veut.
Chagra Médias : Quelles sont les perspectives de l’ENFJ en 2024 ?
M. Senoussi MAHAMAT ALI : Il convient de souligner que l’ENFJ a un déficit de moyen pour répondre aux besoins de formation à la fois continue et initiale des acteurs judiciaires. A ce jour, nous avons des magistrats qui, en 20 ans, n’ont pas bénéficié de la moindre formation. Ceci est la cause principale de déficit de compétence de certains acteurs judiciaires qui sont en déphasage avec les réalités sur le terrain.
Malgré ces difficultés, l’ENFJ compte organiser deux activités importantes cette année : la première est un forum sur : « la collaboration entre les acteurs judiciaires et les Forces de Défense et de Sécurité » et le second est un colloque international sur : « la justice et le développement ».
Nous vous donnerons plus de détails le moment venu.
Chagra Médias : Avez-vous un mot d’espoir pour l’avenir de cette école.
L’ENFJ est une institution très importante qui mérite toute l’attention des hautes autorités du pays. Mettre des moyens à sa disposition, c’est moderniser la justice tchadienne en disposant des acteurs judiciaires compétents au service de la Nation.
Pour clore, je salue le concours de tous les membres de notre Conseil d’Administration pour leur disponibilité et leur compréhension ; et plus particulièrement nos présidents successifs, à savoir M. MAHAMAT-AHMAT ALHABO et M. ABDERAHIM BIREME HAMID pour leur leadership constructif.
Interview réalisée par Djasrabé Ndingamndôh
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