Un contingent de 400 policiers kényans a quitté la capitale Nairobi lundi soir pour une mission internationale visant à sécuriser Haïti, un pays confronté à une violence des gangs sans précédent. Ce déploiement, bien que critiqué au Kenya, a été approuvé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en octobre dernier et bénéficie du soutien financier et logistique des États-Unis.
Le départ de ces policiers marque le début de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), qui prévoit l’envoi d’un millier de policiers kényans en Haïti pour une durée initiale d’un an. D’autres pays, dont le Bangladesh, le Bénin, le Tchad, les Bahamas et la Barbade, contribueront également à cette mission. À 22h50 (19h50 GMT), les policiers kényans se sont envolés de Nairobi à bord d’un avion de Kenya Airways.
Le président kényan, William Ruto, a rencontré le contingent quelques heures avant leur départ pour leur remettre un drapeau national kényan. « Cette mission est l’une des plus urgentes, importantes et historiques de l’histoire de la solidarité mondiale », a déclaré le chef de l’État William Ruto lors d’une cérémonie à huis clos. Ruto a promis que le reste des forces rejoindrait bientôt ce premier groupe.
Le déploiement de la force kényane en Haïti n’a pas été sans controverse. En janvier dernier, un tribunal kényan avait initialement bloqué la mission, affirmant que le gouvernement ne pouvait envoyer des policiers à l’étranger sans un accord international préalable. Cet accord a finalement été signé avec Haïti en mars 2024. Cependant, un parti d’opposition, l’Alliance troisième voie, a déposé un recours en mai pour empêcher la mission, accusant le président Ruto de contourner l’État de droit.
« William Ruto n’est qu’un esclave de l’Amérique ou des mondialistes et des impérialistes », a affirmé Ekuru Aukot, le chef de l’Alliance troisième voie. « Cela n’a aucun sens qu’il veuille envoyer nos policiers en Haïti alors que nous ne pouvons même pas remédier à la situation d’insécurité dans le nord du Kenya, ni même à Nairobi », a-t-il poursuivi.
Les États-Unis, cherchant un pays volontaire pour diriger la mission, fournissent des fonds et un soutien logistique significatifs. Malgré cela, le président Joe Biden a exclu toute intervention militaire directe américaine en Haïti. « Nous espérons voir de nouvelles améliorations tangibles de la sécurité, en particulier en ce qui concerne l’accès à l’aide humanitaire et à l’activité économique de base », a déclaré Matthew Miller, porte-parole du département d’État.
Human Rights Watch et d’autres organisations de défense des droits humains ont exprimé des inquiétudes quant à cette mission, notamment en raison des accusations d’usage excessif de la force et d’exécutions extrajudiciaires portées contre la police kényane. « Ils ont tous suivi un entraînement rigoureux pour cet exercice, en plus de leur formation préalable à la gestion de situations complexes, et ils sont prêts pour la mission », a déclaré un haut responsable de la police kényane. « S’il vous plaît, ne doutons pas de leurs capacités », a-t-il ajouté.
Haïti souffre d’une instabilité politique chronique depuis des décennies, aggravée récemment par une résurgence de la violence des gangs qui contrôlent 80% de la capitale Port-au-Prince. La situation s’est détériorée en février lorsque des groupes armés ont lancé des attaques coordonnées pour renverser le Premier ministre Ariel Henry. Un conseil de transition a été mis en place et a nommé un Premier ministre par intérim le 29 mai.
Le déploiement des policiers kényans en Haïti représente un effort international majeur pour rétablir la sécurité dans les îles caraïbéennes. Malgré les critiques et les controverses, les autorités kényanes et leurs partenaires internationaux espèrent que cette mission apportera des améliorations tangibles à la situation sécuritaire et humanitaire en Haïti. Le monde entier surveille attentivement cette intervention, qui pourrait devenir un modèle de coopération internationale en matière de sécurité et de maintien de la paix.
Klaranouba Mastabaye Ketura avec France 24
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