La Cour criminelle de Moundou a rendu, ce week-end, un verdict très attendu dans l’affaire impliquant plusieurs membres du Mouvement révolutionnaire pour la paix totale au Tchad (MRPTT). Trente-cinq personnes affiliées à ce mouvement ont été condamnées à vingt ans de réclusion criminelle pour atteinte à l’ordre constitutionnel, tandis que trois autres ont été relaxées faute de preuves suffisantes.
Les faits remontent à plusieurs mois, lorsque les autorités avaient procédé à l’arrestation de plusieurs membres du MRPTT, les accusant de vouloir renverser l’ordre républicain par des actions subversives et de déstabilisation. Le parquet avait requis de lourdes peines, arguant de la gravité des actes reprochés aux prévenus, notamment la tentative de mobilisation armée et la propagande contre les institutions étatiques.
Le procès, qui s’est déroulé sous haute surveillance à Moundou, chef-lieu de la région du Logone Occidental, a duré plusieurs semaines. Il a été marqué par de nombreuses plaidoiries de la défense qui ont dénoncé des irrégularités dans la procédure et une atteinte aux droits fondamentaux des accusés. Toutefois, le tribunal a retenu les charges principales d’atteinte à la sûreté de l’État et de complot contre les institutions républicaines.
Sur les 38 personnes poursuivies, trois ont été acquittées et immédiatement remises en liberté. Selon le jugement rendu, les preuves à leur encontre étaient insuffisantes pour établir une participation directe aux faits reprochés. Les avocats de la défense se sont réjouis de ces libérations tout en dénonçant ce qu’ils qualifient de « procès politique » visant à affaiblir un mouvement d’opposition non violent.
Alors que la procédure judiciaire touche à sa fin, une ouverture vers une résolution politique semble néanmoins se dessiner. Le médiateur de la République, s’exprimant à l’issue du procès, a annoncé qu’il solliciterait une grâce présidentielle en faveur des personnes condamnées. Cette déclaration a aussitôt attiré l’attention de l’opinion publique, laissant entrevoir une possible décrispation politique.
« Nous respectons les décisions de justice, mais dans un esprit de réconciliation nationale, nous demanderons officiellement au chef de l’État d’envisager la grâce présidentielle pour les condamnés », a déclaré le médiateur dans un communiqué.
Le dossier du MRPTT revêt une dimension politique sensible dans un contexte national marqué par des tensions sociales et des revendications démocratiques. Le mouvement, qui se réclame pacifiste, a toujours contesté la légitimité du pouvoir actuel, tout en appelant à une réforme en profondeur des institutions.
La condamnation de ses membres pourrait attiser davantage les frustrations au sein d’une partie de la population, notamment dans le sud du pays où les griefs contre le gouvernement central sont souvent plus prononcés. Néanmoins, la perspective d’une grâce présidentielle, si elle venait à se concrétiser, pourrait représenter une main tendue du pouvoir à ses opposants.
Pour l’heure, les avocats de la défense ont indiqué qu’ils ne feraient pas appel, préférant concentrer leurs efforts sur la procédure de grâce. De son côté, la Présidence de la République n’a pas encore officiellement réagi à la requête du médiateur.
Ce dossier pourrait ainsi devenir un test de la volonté du pouvoir tchadien de promouvoir la paix et l’inclusion politique à l’heure où le pays aspire à une stabilité durable. L’opinion nationale et internationale reste en attente des prochains gestes de l’exécutif dans ce dossier hautement symbolique.
LA REDACTION
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