Le président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quatre décennies, a officiellement annoncé ce dimanche 13 juillet 2025 sa candidature à l’élection présidentielle prévue le 12 octobre prochain. À 92 ans, celui qui est actuellement le doyen des chefs d’État en exercice dans le monde entend briguer un huitième mandat à la tête du Cameroun.
C’est via un message diffusé sur le réseau social X (anciennement Twitter) que le chef de l’État a confirmé sa volonté de se maintenir au pouvoir. « Je réponds favorablement à l’appel du peuple et me présente comme le candidat du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) à l’élection présidentielle de 2025 », a déclaré Paul Biya dans un message sobre, mais lourd de signification pour l’avenir politique du pays.
Arrivé au pouvoir en 1982 à la suite de la démission de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, Paul Biya dirige le Cameroun depuis maintenant plus de 42 ans. Ce long règne, marqué par une mainmise quasi absolue sur les institutions, lui a permis de remporter successivement les élections présidentielles de 1984, 1988, 1997, 2004, 2011 et 2018, souvent dans un climat contesté par l’opposition et les observateurs internationaux.
Avec cette nouvelle candidature, Paul Biya entre encore davantage dans l’histoire politique contemporaine en tant que l’un des dirigeants les plus anciens au pouvoir dans le monde. Certains analystes y voient une volonté de préserver le statu quo, dans un contexte de stabilité autoritaire, tandis que d’autres dénoncent un affaiblissement des dynamiques démocratiques au Cameroun.
L’annonce du président survient dans un contexte social et économique tendu. Le Cameroun est confronté à de multiples défis : la crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des inégalités persistantes, la corruption endémique, ainsi que le chômage des jeunes. Par ailleurs, le système de santé et l’éducation continuent de souffrir d’un manque de moyens et de réformes structurelles.
Face à ces défis, certains partis d’opposition appellent au renouveau politique, tandis qu’une partie de la population exprime fatigue et résignation face à ce qu’elle considère comme un immobilisme du régime.
L’élection présidentielle de 2025 s’annonce sous haute tension. Si Paul Biya confirme sa mainmise sur l’appareil d’État et l’appui de son parti, le RDPC, l’opposition tente tant bien que mal de s’organiser. Parmi les figures les plus visibles, on retrouve Maurice Kamto, leader du MRC, qui s’était revendiqué vainqueur de la présidentielle de 2018, avant d’être arrêté puis relâché en 2019.
Mais les conditions d’un scrutin transparent, l’indépendance de la commission électorale et la liberté de la presse seront, une fois encore, des sujets cruciaux dans le débat électoral.
À 92 ans, Paul Biya suscite de nombreuses interrogations sur sa capacité physique et mentale à diriger un pays aussi complexe que le Cameroun. Rarement vu en public, souvent perçu comme distant, le président est accusé par ses détracteurs de gouverner depuis son palais ou depuis l’étranger, notamment lors de ses fréquents séjours médicaux en Europe.
Mais ses partisans mettent en avant son expérience, sa longévité politique et sa capacité à maintenir le pays uni dans un environnement régional souvent instable.
Avec cette nouvelle candidature, Paul Biya défie non seulement les limites de l’âge, mais aussi les aspirations d’une partie de la jeunesse camerounaise en quête de changement. L’élection du 12 octobre 2025 s’annonce comme un moment charnière pour le Cameroun : entre continuité assumée et pressions pour une alternance démocratique. Le monde observera avec attention la suite de cette longue histoire politique encore en écriture.
LA REDACTION
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