Tchad : Le Président du Parti Les Transformateurs, Dr Asyongar Succès Masra renvoyé devant la Chambre criminelle
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Tchad : Le Président du Parti Les Transformateurs, Dr Asyongar Succès Masra renvoyé devant la Chambre criminelle

La scène politique tchadienne vit un tournant majeur avec la décision du juge d’instruction de transmettre le dossier de Dr Asyongar Succès Masra, président du parti Les Transformateurs et ancien Premier ministre, à la Chambre criminelle. Cette décision ouvre la voie à un procès potentiellement explosif sur fond de tensions politiques persistantes et d’accusations graves liées aux violences dans le sud du pays.

Dr Succès Masra est en détention depuis le 16 mai 2025. Son arrestation, dénoncée par plusieurs organisations de défense des droits humains et certains partis de l’opposition, est liée à des événements violents survenus dans la localité de Mandakao, dans le Logone Occidental. Ces affrontements meurtriers ont coûté la vie à 42 personnes selon les bilans officiels. Les autorités accusent l’opposant d’incitation à la haine et à la violence, des charges qu’il conteste vigoureusement par la voix de ses avocats.

Selon le parquet, les discours tenus par Dr Masra auraient contribué à attiser les tensions communautaires qui ont dégénéré en affrontements sanglants. La défense, de son côté, évoque un procès politique déguisé visant à écarter une figure montante de l’opposition.

Le juge d’instruction a considéré qu’il existait suffisamment d’éléments pour renvoyer le dossier devant la chambre criminelle, étape cruciale dans la procédure judiciaire tchadienne. Cette juridiction, compétente pour juger les crimes graves, devra se pencher sur le rôle présumé du président des Transformateurs dans les événements de Mandakao. Aucun calendrier officiel du procès n’a encore été publié, mais une source proche du dossier évoque une ouverture des audiences dans les prochaines semaines.

Cette décision est perçue par une partie de la population et de la classe politique comme une tentative de museler une opposition de plus en plus influente. En effet, depuis la fondation de son parti, Les Transformateurs, en 2018, Dr Masra n’a cessé de s’imposer comme l’un des principaux opposants au pouvoir en place, prônant une alternance démocratique et une réforme en profondeur des institutions tchadiennes.

Les réactions à cette décision judiciaire ne se sont pas fait attendre. Du côté de ses partisans, c’est l’indignation. De nombreux militants ont dénoncé une « parodie de justice » et appelé à la libération immédiate de leur leader. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #FreeSuccesMasra gagne en popularité, alimentant un débat national sur la légitimité de la procédure en cours.

À l’international, certaines ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’elles qualifient de dérives autoritaires et de menaces contre la liberté d’expression au Tchad. Plusieurs chancelleries occidentales suivent de près l’évolution du dossier, dans un contexte régional tendu où les équilibres politiques restent fragiles.

Ce procès s’annonce comme un test décisif pour l’indépendance de la justice tchadienne et pour la stabilité politique du pays. Si Dr Masra est reconnu coupable, il pourrait être condamné à une lourde peine de prison, ce qui compromettrait définitivement ses ambitions politiques. À l’inverse, un acquittement renforcerait sa stature de victime politique et pourrait relancer les mobilisations populaires autour de sa personne.

Dans tous les cas, l’issue de ce procès pourrait avoir des conséquences profondes sur le climat politique et social au Tchad, alors que le pays tente de se projeter vers un avenir démocratique encore incertain.

LA REDACTION

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