Centrafrique : Faustin-Archange Touadéra candidat à sa succession, entre espoirs et désillusions
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Centrafrique : Faustin-Archange Touadéra candidat à sa succession, entre espoirs et désillusions

L’annonce officielle de la candidature de Faustin-Archange Touadéra à l’élection présidentielle de décembre prochain continue de faire grand bruit en République centrafricaine. Le samedi 26 juillet 2025, le président sortant a été investi par son parti, le Mouvement Cœurs Unis (MCU), ouvrant ainsi la voie à un nouveau mandat rendu possible par la Constitution révisée en août 2023. À cinq mois des élections générales, cette décision fait resurgir des clivages profonds au sein de la population centrafricaine.

La réforme constitutionnelle du 30 août 2023, adoptée dans un climat controversé, permet désormais au chef de l’État de briguer un nombre illimité de mandats. Cette révision majeure marque le passage à une nouvelle République, présentée par ses promoteurs comme une nécessité pour stabiliser et renforcer les institutions du pays. Dans les faits, elle autorise le président Touadéra, élu pour la première fois en 2016, puis réélu en 2020, à rester en lice pour un troisième mandat consécutif.

Dans la capitale, les opinions divergent fortement. Certains dénoncent une dérive autoritaire et une volonté de confisquer le pouvoir. Pour eux, Touadéra trahit ses engagements initiaux et affaiblit la démocratie naissante du pays. « Il s’est présenté au départ comme un homme de transition, venu réparer les dégâts d’une crise profonde, pas pour s’accrocher au pouvoir », déplore un élu local, visiblement déçu par cette nouvelle orientation.

D’autres, au contraire, défendent la candidature du président sortant, qu’ils estiment être le seul capable de poursuivre la reconstruction de la Centrafrique après des années de conflits et d’instabilité. Le MCU met en avant les efforts de modernisation, les partenariats sécuritaires et les avancées économiques comme justification de cette nouvelle ambition présidentielle.

Cette annonce n’a pas seulement provoqué un débat politique ; elle ravive également des tensions sociales déjà vives. Les opposants à la réforme constitutionnelle pointent du doigt une manœuvre orchestrée pour museler la démocratie. Plusieurs organisations de la société civile redoutent une intensification de la répression à l’approche du scrutin.

Des manifestations discrètes ont déjà eu lieu, et des appels à la vigilance circulent parmi les mouvements citoyens. Le climat préélectoral s’annonce donc tendu et incertain, entre méfiance populaire et manœuvres politiques.

Alors que le pays se prépare à organiser des élections générales dans cinq mois, la candidature de Touadéra transforme l’enjeu électoral en véritable test démocratique. Le scrutin pourrait cristalliser le mécontentement d’une partie de la population, lassée par les promesses non tenues et la concentration du pouvoir. Il pourrait également renforcer le camp présidentiel, bien implanté et déterminé à défendre ses acquis.

La Centrafrique entre donc dans une période cruciale de son histoire politique. Le vote de décembre ne sera pas seulement un choix de dirigeants, mais une décision sur l’avenir du régime : vers une consolidation démocratique ou vers une présidence durable aux contours de plus en plus contestés.

LA REDACTION

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