Tchad : Dr Succès Masra renvoyé devant la chambre criminelle pour être jugé  
Actualités Faits divers Nationale

Tchad : Dr Succès Masra renvoyé devant la chambre criminelle pour être jugé  

Ce mercredi 30 juillet 2025, la chambre d’accusation de la cour d’appel de N’Djamena a rendu une décision majeure dans l’affaire dite Mandakao. Elle a ordonné le renvoi de Dr Succès Masra, ancien Premier ministre et figure de proue de l’opposition tchadienne, devant la chambre criminelle pour y être jugé.

Le dossier prend sa source dans les violences survenues le 14 mai 2025 à Mandakao, localité située dans le Logone Occidental, au sud du pays. Ce jour-là, de graves affrontements communautaires ont fait 42 morts et de nombreux blessés. Ces violences ont provoqué une onde de choc à l’échelle nationale, ravivant les craintes d’instabilité ethnique dans une région historiquement fragile.

À la suite de ces événements, une enquête préliminaire a été ouverte. Elle a rapidement été élargie à des accusations de diffusion de messages racistes et xénophobes via un système informatique, soupçonnés d’avoir attisé les tensions et contribué à la flambée de violence.

Selon le ministère public, les messages incriminés puis relayés sur des réseaux sociaux et canaux numériques auraient contribué à envenimer la situation déjà tendue à Mandakao.

Le renvoi devant la chambre criminelle, juridiction compétente pour les crimes les plus graves, marque une escalade judiciaire dans cette affaire. La chambre d’accusation a ainsi validé l’instruction et jugé suffisants les éléments à charge pour saisir un tribunal de jugement.

Mais cette décision ne passe pas inaperçue. Depuis la fin du mois de mai, l’opposition et l’équipe de défense de Dr Masra dénoncent une « procédure politique déguisée en procédure judiciaire ». Ils fustigent l’absence de preuves nouvelles issues de l’instruction et s’interrogent sur l’objectivité de l’enquête, qu’ils jugent biaisée et dénuée de fondement factuel solide.

Dr Succès Masra, devenu une figure centrale de l’opposition depuis la transition post-Déby père, est souvent perçu par ses partisans comme la cible d’un harcèlement judiciaire récurrent, notamment depuis son départ du gouvernement en février 2024.

Avec cette décision, l’affaire entre dans une phase décisive. Le procès devant la chambre criminelle pourrait débuter dès la rentrée judiciaire, en septembre prochain. S’il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés, Dr Masra risque de lourdes peines, potentiellement assorties d’une inéligibilité politique.

LA REDACTION

    Laisser un commentaire

    • Rating