Le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire, présidé par Chantal Nanaba Camara, a publié ce lundi 8 septembre 2025 la liste définitive des candidats autorisés à prendre part à l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025. Sur les soixante dossiers déposés, seuls cinq candidats ont obtenu le feu vert de l’institution. Deux figures de poids de l’opposition, Laurent Gbagbo (PPA-CI) et Tidjane Thiam (PDCI-RDA), ont été définitivement écartées de la course.
Le cas Tidjane Thiam : une affaire de nationalité et d’inscription électorale
Ancien patron du Crédit Suisse et figure montante du PDCI, Tidjane Thiam voyait sa candidature fortement attendue. Mais dès avril 2025, la justice ivoirienne avait tranché :
Le tribunal a estimé que Thiam, ayant acquis la nationalité française en 1987, avait automatiquement perdu la nationalité ivoirienne conformément à l’article 48 du Code de la nationalité.
Bien qu’il ait renoncé à sa nationalité française début 2025, cette démarche est jugée trop tardive pour régulariser sa situation.
Thiam dénonce un « vandalisme démocratique » et accuse le pouvoir en place de chercher à neutraliser l’opposition. Son équipe a saisi le Comité des droits de l’homme de l’ONU, mais la décision du Conseil constitutionnel demeure sans appel sur le plan interne.
Laurent Gbagbo : entre condamnations et parrainages défaillants
L’ancien président Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale mais condamné par la justice ivoirienne dans le cadre de la crise post-électorale de 2010-2011, n’a pas non plus franchi l’étape du Conseil constitutionnel.
Deux motifs principaux expliquent ce rejet notamment sa condamnation nationale et le manque de parrainages comme l’exige le Code électoral ivoirien.
Pour le PPA-CI, cette exclusion est « un coup monté » visant à empêcher son retour sur la scène politique. Les avocats du PDCI, eux, appellent la justice à jouer « son rôle de rempart impartial ».
La validation de la candidature du président sortant Alassane Ouattara renforce l’idée d’une compétition déséquilibrée, que certains observateurs qualifient déjà de « quasi-plébiscite ». L’exclusion des figures de poids de l’opposition alimente les craintes d’un climat pré-électoral tendu.
La Côte d’Ivoire garde en mémoire les violences post-électorales de 2010-2011. Aujourd’hui, le rejet de Gbagbo et Thiam pourrait raviver les inquiétudes, tant au sein de l’opposition que de la société civile.
Pour les partisans du pouvoir, le Conseil constitutionnel n’a fait qu’appliquer la loi, en s’appuyant sur des critères objectifs de nationalité, d’éligibilité et de parrainage. Pour ses détracteurs, l’institution serait instrumentalisée pour écarter des adversaires redoutables et verrouiller le jeu politique.
Le 8 septembre 2025 restera comme une étape cruciale du processus électoral. Si les exclusions reposent sur des fondements légaux à savoir, nationalité pour Thiam, condamnations et parrainages pour Gbagbo, elles renforcent le sentiment d’un scrutin verrouillé. L’opposition, désormais amputée de ses figures majeures, devra redéfinir sa stratégie collective dans un contexte où la tension politique risque de s’accentuer à l’approche du 25 octobre 2025.
La Rédaction
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