À moins d’un an de l’élection présidentielle béninoise de 2026, le président Patrice Talon a mis fin aux spéculations qui entouraient ses intentions politiques. Le 29 juillet 2025, depuis le palais de la Marina à Cotonou, il a déclaré sans ambiguïté qu’il ne briguera pas un troisième mandat. « Je m’en vais, j’ai vieilli », a lancé le chef de l’État de 67 ans, dans un ton à la fois direct et empreint de lucidité. Il a réaffirmé cette volonté à l’occasion de la fête de l’indépendance ce 1er août 2025, une annonce solennelle, devant un parterre de jeunes béninois réunis pour l’occasion, qui marque un tournant dans le calendrier politique du pays.
Cette déclaration s’inscrit dans la droite ligne de l’engagement que Talon avait pris dès son arrivée au pouvoir en 2016 : limiter son exercice à deux mandats. À l’époque, il avait promis de restaurer la crédibilité de la démocratie béninoise en incarnant un leadership respectueux des règles constitutionnelles. « Personne ne va m’attacher sur le fauteuil présidentiel », a-t-il martelé une nouvelle fois, réaffirmant ainsi sa fidélité à cette promesse.
Cette posture tranche radicalement avec celle adoptée par bon nombre de dirigeants africains. Sur un continent où l’alternance démocratique reste souvent mise à mal, la décision de Patrice Talon apparaît comme un acte politique fort. Nombre de ses homologues ont, en effet, modifié la Constitution ou utilisé des artifices juridiques pour prolonger indéfiniment leur présence au sommet de l’État.
Le contraste est saisissant avec la situation en Côte d’Ivoire, où le président Alassane Ouattara, malgré ses 83 ans, a annoncé sa candidature pour un quatrième mandat en octobre 2025. « Je suis candidat parce que la Constitution me le permet, ma santé est bonne et les défis sont nombreux », a-t-il justifié. Une déclaration qui relance une fois de plus le débat sur la limitation des mandats et la pérennisation du pouvoir en Afrique.
Autre exemple emblématique : Paul Biya, au pouvoir au Cameroun depuis 1982, qui, à 92 ans, envisage toujours de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Une longévité politique qui, malgré les controverses, illustre les difficultés de l’alternance dans certains pays du continent.
Le choix de Patrice Talon de se retirer volontairement du pouvoir fait de lui un cas rare dans le paysage politique africain. Ce départ annoncé apparaît ainsi comme une décision personnelle, dictée par une certaine idée de l’éthique politique et de la responsabilité institutionnelle.
Pour autant, l’image de Talon n’est pas exempte de critiques. Si son engagement en faveur de l’alternance démocratique est salué, son bilan global est plus nuancé. Son second mandat a été marqué par une série de réformes institutionnelles controversées, des accusations de musèlement de l’opposition, ainsi qu’un rétrécissement de l’espace civique. Certains observateurs lui reprochent d’avoir consolidé un pouvoir très centralisé, parfois au détriment des libertés fondamentales.
En confirmant son départ, Patrice Talon cherche sans doute à inscrire son nom dans l’histoire politique du Bénin comme un dirigeant respectueux des principes démocratiques. Ce choix, s’il est effectivement suivi d’effets, pourrait servir de modèle sur un continent où le pouvoir tend souvent à s’éterniser. Il adresse aussi un message clair aux générations futures de dirigeants africains : le pouvoir n’est pas un héritage ni une propriété personnelle, mais un mandat limité par le temps et par la volonté du peuple.
L’attitude de Talon, si elle se confirme jusqu’au bout, pourrait bien contribuer à renforcer la maturité politique de la nation béninoise et à inspirer d’autres trajectoires similaires en Afrique.
LA REDACTION
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