La junte militaire au pouvoir au Burkina Faso a annoncé avoir déjoué ce qu’elle qualifie de « grand complot » contre les institutions du pays, visant directement la présidence. Une révélation faite lundi 21 avril 2025 par le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, qui a pointé du doigt des « cerveaux » opérant depuis l’extérieur, notamment en Côte d’Ivoire.
Un plan visant la présidence
Lors d’une déclaration officielle, le ministre Sana a affirmé que ce complot visait « à prendre d’assaut la présidence », sans fournir de détails précis sur les méthodes envisagées ni les profils exacts des personnes impliquées. Toutefois, il a souligné que l’enquête avait permis d’identifier plusieurs instigateurs basés en Côte d’Ivoire, pays déjà accusé par Ouagadougou d’abriter des figures hostiles au régime militaire burkinabè.
« Les cerveaux de ce complot sont à l’extérieur du pays, notamment en Côte d’Ivoire », a insisté le ministre, dans un contexte régional tendu où les relations diplomatiques entre les deux pays se sont progressivement détériorées.
Des arrestations et des disparitions mystérieuses
Une source sécuritaire, sous couvert d’anonymat, a révélé qu’un individu lié à l’affaire « a été emmené vers une destination inconnue alors qu’il devait prendre part à une rencontre à l’état-major », laissant planer le mystère sur les procédures sécuritaires mises en œuvre par la junte. Aucun nom n’a été officiellement dévoilé, mais des soupçons s’orientent vers des figures militaires ayant exprimé des désaccords internes.
Depuis plus d’un an, le pouvoir militaire, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, s’est engagé dans une vaste campagne de neutralisation de potentielles menaces internes. Plusieurs dizaines d’officiers ont ainsi été interpellés, dont l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie, Evrard Somda, accusés de « complot » ou de « tentative de déstabilisation des institutions républicaines ».
Une tension persistante avec la Côte d’Ivoire
Les accusations portées contre la Côte d’Ivoire ne sont pas nouvelles. Déjà en juillet 2024, le capitaine Traoré avait dénoncé l’existence à Abidjan d’un « centre d’opérations » ayant pour but de déstabiliser le Burkina Faso. Depuis, les autorités militaires burkinabè affirment que plusieurs personnalités hostiles au régime utilisent le territoire ivoirien comme base arrière.
Abidjan, de son côté, n’a pas officiellement réagi aux dernières accusations, mais l’ombre d’une crise diplomatique se profile si les tensions venaient à s’aggraver.
Un climat politique sous haute surveillance
Le Burkina Faso vit sous régime militaire depuis le coup d’État de septembre 2022 qui a porté le capitaine Traoré au pouvoir, après la chute du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Depuis, la junte justifie son emprise sur le pays par la nécessité de stabiliser une nation en proie à l’insécurité djihadiste, tout en durcissant sa politique sécuritaire contre toute forme de dissidence, y compris au sein de l’armée.
Les récents événements mettent en lumière un climat politique extrêmement tendu, où la moindre contestation est perçue comme une tentative de subversion. Le terme « complot » est désormais omniprésent dans le discours officiel, alimentant un climat de suspicion généralisée.
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