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Burkina : Le gouvernement burkinabè dissout la Commission électorale nationale indépendante dans un élan de refondation institutionnelle

Une décision majeure a été prise ce mercredi 16 juillet 2025 lors du Conseil des ministres au Burkina Faso : le gouvernement de transition a adopté un décret portant dissolution de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), organe jusque-là chargé de l’organisation des élections dans le pays.

Dans un communiqué officiel diffusé par la présidence burkinabè, cette dissolution s’inscrit dans le cadre plus large de la refondation de l’État. Elle s’aligne également sur les réformes institutionnelles en cours, que les autorités qualifient de nécessaires pour moderniser l’appareil étatique. L’objectif affiché : rationaliser les charges de fonctionnement de l’État, dans un contexte économique difficile marqué par l’insécurité persistante et des contraintes budgétaires croissantes.

« Cette décision entre dans la dynamique des réformes institutionnelles engagées, visant à renforcer l’efficacité des structures publiques, à réduire les doublons administratifs et à alléger les dépenses de l’État », peut-on lire dans le communiqué présidentiel.

Créée pour garantir l’organisation libre, transparente et équitable des scrutins au Burkina Faso, la CENI a joué un rôle central dans les processus électoraux depuis sa mise en place en 2001. Son indépendance était souvent mise en avant comme un gage de transparence démocratique dans un pays régulièrement traversé par des crises politiques.

Sa dissolution soulève donc de nombreuses interrogations, tant sur le dispositif électoral futur que sur les modalités de remplacement de l’organe. À ce stade, le gouvernement n’a pas encore précisé quelle entité assumera les responsabilités électorales, ni comment la transition institutionnelle sera assurée.

La disparition de la CENI, sans l’annonce d’un nouvel organe électoral clairement défini, risque de susciter des inquiétudes au sein de la société civile et de la classe politique. Des voix pourraient s’élever pour dénoncer une volonté de contrôle plus direct du processus électoral par le pouvoir exécutif, ou du moins une mise entre parenthèses de certaines garanties démocratiques.

Cependant, les autorités insistent sur le fait que cette mesure s’inscrit dans une vision de réorganisation structurelle profonde, destinée à bâtir un État plus résilient et plus adapté aux réalités du Burkina Faso contemporain.

Depuis le coup d’État de septembre 2022 ayant porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir, le Burkina Faso est engagé dans un processus de transition politique. Plusieurs réformes ont été entreprises dans le but, selon les autorités, de restaurer la souveraineté du pays, améliorer la gouvernance, et lutter efficacement contre l’insécurité liée aux groupes armés terroristes.

La dissolution de la CENI vient ainsi s’ajouter à une série d’actes de réorganisation de l’appareil étatique, à l’heure où le pays ne s’est pas encore engagé dans un calendrier clair de retour à l’ordre constitutionnel.

La dissolution de la CENI marque un tournant significatif dans la vie politique burkinabè. Si elle s’inscrit dans une volonté de rationalisation et de réforme, elle n’en demeure pas moins une décision sensible, touchant à l’un des piliers de la démocratie. Les prochaines semaines seront cruciales pour évaluer la direction que prendra cette réforme, ainsi que ses implications pour les futurs scrutins au Burkina Faso.

LA REDACTION

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