Une chaleur écrasante s’abat sur le nord du Cameroun. Dans les rues de Maroua et de Garoua, l’atmosphère est lourde, et le silence pesant, seulement interrompu par le bruit des convois funéraires. Cette canicule, qui sévit depuis plusieurs mois, a plongé les grandes villes du nord dans une crise sanitaire sans précédent.
Les témoignages des habitants et des figures de la société civile révèlent une réalité effroyable. « À Maroua, Garoua, les grandes villes ont enterré au moins 50/60 personnes par jour », affirme Maître Abdoulaye Harissou, ancien président de la Chambre des notaires camerounais. Il a décidé de briser le silence en publiant une lettre ouverte dans le quotidien national « Le Jour », interpellant le ministre de la Santé, Manaouda Malachie.
Selon Harissou, la canicule a entraîné une surmortalité catastrophique, touchant particulièrement les personnes âgées, les jeunes enfants et ceux souffrant de maladies chroniques comme l’hypertension et le diabète. « C’était vraiment catastrophique », déplore-t-il.
Harissou critique vivement l’inaction des autorités face à cette crise. « À part les chefs traditionnels et les imams qui ont donné des instructions de prière pour que la pluie tombe, aucune autorité gouvernementale, régionale ou locale n’a pris ce problème au sérieux », explique-t-il. Ce dernier dénonce un « silence assourdissant » de la part des responsables politiques, qui n’ont pas mis en place des mesures d’urgence pour atténuer les effets de la chaleur extrême.
Pour Harissou, plusieurs mesures auraient pu être prises pour sauver des vies. La sensibilisation à la gestion de la chaleur, la distribution d’eau potable par camions-citernes, et la mobilisation des services d’urgence tels que les pompiers et les ambulanciers sont autant de mesures qui auraient pu faire une différence. « Il fallait rendre gratuits les soins pour les hypertendus, les diabétiques, les vieilles personnes, les jeunes, les bébés, etc. », insiste-t-il.
Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé n’a pas encore évalué le bilan humain de cette vague de chaleur, les témoignages locaux peignent un tableau sombre de la situation. Les familles endeuillées et les corps exténués par la chaleur remplissent les hôpitaux et les morgues, tandis que les habitants tentent de survivre sans soutien institutionnel adéquat.
La lettre de Maître Harissou est un cri de détresse et un appel à l’action pour les autorités camerounaises et les organisations internationales. La situation au nord du Cameroun met en lumière la vulnérabilité des populations face aux changements climatiques et l’urgence de mettre en place des mesures adaptées pour protéger les vies humaines.
Cette canicule qui ravage actuellement le nord du Cameroun n’est pas un phénomène isolé. Elle s’inscrit dans une tendance inquiétante qui touche de nombreux pays africains, notamment ceux de la bande sahélienne. Cette vague de chaleur extrême met en lumière non seulement la vulnérabilité des populations face aux changements climatiques, mais aussi le manque de préparation et de réactivité des autorités locales et internationales.
Les témoignages poignants venus de Maroua et de Garoua, où des dizaines de personnes sont enterrées chaque jour à cause de la chaleur, rappellent cruellement la réalité quotidienne de millions de personnes sur le continent africain. Cette surmortalité due à la canicule devrait être un signal d’alarme. Les régions du Sahel, déjà fragilisées par des conditions socio-économiques précaires et des infrastructures de santé insuffisantes, sont les premières victimes de ces extrêmes climatiques.
Il est impératif que les gouvernements africains, avec le soutien de la communauté internationale, prennent des mesures immédiates et efficaces pour faire face à ces crises climatiques. La sensibilisation des populations, la distribution d’eau potable, et la mobilisation des services d’urgence ne sont que quelques-unes des actions nécessaires pour atténuer les impacts de ces vagues de chaleur. En outre, les soins de santé doivent être rendus accessibles et gratuits pour les personnes les plus vulnérables, telles que les personnes âgées, les enfants et les malades chroniques.
Les vagues de chaleur en Afrique sont un rappel brutal de l’urgence climatique mondiale. Les pays développés, responsables d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, ont une responsabilité particulière dans l’aide à apporter aux pays les plus affectés par les conséquences du changement climatique. Cela inclut non seulement une assistance financière et technique, mais aussi des actions concrètes pour réduire les émissions globales.
La canicule qui sévit au nord du Cameroun et dans d’autres pays africains est une tragédie humaine qui appelle à une action urgente. Les autorités locales et internationales doivent travailler ensemble pour mettre en place des mesures d’adaptation et de mitigation pour protéger les vies humaines. Il est temps que le monde entier reconnaisse la gravité de la crise climatique et agisse en conséquence pour prévenir de futures catastrophes.
K. M. Ketura
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