Une forte tension règne ce samedi 11 octobre 2025 dans plusieurs zones du pays, notamment dans la capitale économique, où des manifestations de l’opposition ont éclaté malgré l’interdiction des autorités. À Abidjan, la marche organisée « pour la démocratie, la justice et la paix » a été rapidement dispersée par les forces de l’ordre, entraînant plusieurs interpellations, selon des témoins sur place.
Dès les premières heures de la matinée, un important dispositif policier a bouclé le boulevard Latrille, dans la commune de Cocody, où les manifestants prévoyaient de se rassembler. Des affrontements sporadiques ont éclaté dans le quartier de Blockauss, où des tirs de gaz lacrymogènes ont été rapportés. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des groupes de jeunes fuyant la dispersion des forces de sécurité.
Ces tensions surviennent alors que la campagne pour l’élection présidentielle du 25 octobre vient tout juste de débuter. L’opposition proteste contre la décision du Conseil constitutionnel, qui a invalidé plusieurs candidatures majeures, dont celle de Laurent Gbagbo, ancien président (2000-2011), écarté en raison d’une condamnation judiciaire, et celle de Tidjane Thiam, président du PDCI, radié de la liste électorale pour des motifs de nationalité.
Les partis d’opposition dénoncent également la candidature du président sortant Alassane Ouattara pour un quatrième mandat, qu’ils jugent anticonstitutionnelle. Le Conseil constitutionnel considère toutefois que la réforme de 2016 a « remis les compteurs à zéro », permettant au chef de l’État de se présenter à nouveau.
Face à la montée de la tension, les autorités ivoiriennes appellent au calme et à éviter toute provocation. La préfecture d’Abidjan avait déjà interdit la marche de ce samedi, invoquant « la nécessité de maintenir l’ordre public ».
Quelques jours auparavant, le Conseil national de sécurité, présidé par M. Ouattara, avait donné instruction aux ministères de la Justice et de la Sécurité d’interdire toute manifestation publique contestant les décisions du Conseil constitutionnel.
Malgré ces interdictions, plusieurs mouvements spontanés ont été signalés à Abidjan et dans d’autres villes du pays, suscitant l’inquiétude des populations. Les appels à la prudence et à la diffusion d’informations vérifiées se multiplient sur les réseaux sociaux, tandis que la situation reste confuse et sous haute surveillance.
La Rédaction