La scène diplomatique nigériane est actuellement secouée par une crise inédite. Trente-quatre missions diplomatiques, dont l’ambassade du Tchad, sont sous la menace imminente de fermeture, selon un avertissement lancé par le Socio-Economic Rights and Accountability Project (SERAP) sur son compte X (anciennement Twitter), le 9 juin dernier. Cette situation découle d’un différend financier entre ces ambassades et l’administration fédérale chargée de la gestion du territoire de la capitale, Abuja.
Au cœur de cette tension figure le non-paiement du loyer foncier, une redevance que les propriétaires y compris les entités diplomatiques doivent verser à l’État pour l’occupation et l’usage des terres. L’administration d’Abuja accuse les représentations diplomatiques concernées d’un retard cumulé de paiement de 3,66 millions de nairas depuis 2014.
En vertu de la réglementation nigériane, les ambassades, bien qu’exemptées de nombreuses taxes et charges locales en vertu des conventions diplomatiques, restent redevables de certaines obligations foncières si elles détiennent des terrains en leur nom propre. La dette, accumulée depuis près d’une décennie, a désormais entraîné des mesures drastiques.
Le président nigérian Ahmed Tinubu avait accordé un ultimatum de 14 jours aux ambassades concernées pour régulariser leur situation. Ce délai a expiré le 9 juin sans que des paiements significatifs aient été enregistrés. Les missions diplomatiques récalcitrantes s’exposent désormais à des pénalités pouvant aller de 2 à 3 millions de nairas, voire à des mesures de fermeture administrative de leurs locaux.
Face à cette escalade, le SERAP a appelé à la retenue et au respect des protocoles diplomatiques et des accords internationaux en vigueur. L’organisation rappelle que, même en cas de litige foncier, les procédures doivent respecter la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961, qui garantit l’inviolabilité des missions étrangères.
La communauté diplomatique attend désormais une médiation urgente du ministère nigérian des Affaires étrangères. Le silence de certaines chancelleries, combiné à la fermeté des autorités locales, laisse craindre une crise diplomatique d’envergure si un compromis n’est pas rapidement trouvé.
LA REDACTION
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