Face aux mutations économiques et technologiques actuelles, le système éducatif et universitaire du Tchad doit impérativement évoluer pour mieux répondre aux réalités du marché de l’emploi. Il s’agit non seulement d’améliorer la qualité de l’enseignement, mais aussi d’assurer une meilleure adéquation entre la formation et les compétences exigées dans le monde professionnel. Pour cela, dix axes stratégiques méritent une attention particulière.
1. Comprendre les besoins du marché de l’emploi
La première étape pour réformer l’éducation consiste à cerner les besoins réels du tissu économique tchadien. Cela passe par la réalisation d’études régulières sur les métiers porteurs et les compétences les plus recherchées. Une collaboration étroite avec les entreprises, les chambres de commerce et les différents secteurs clés de l’économie nationale est indispensable afin de guider les politiques éducatives dans la bonne direction.
2. Moderniser les contenus pédagogiques
Les programmes scolaires et universitaires doivent être repensés pour intégrer des matières plus en phase avec les réalités actuelles. L’accent devrait être mis sur les technologies numériques, les langues étrangères, la communication, la gestion de projets, et les aptitudes sociales. Adapter les curriculums permettra aux étudiants d’acquérir des savoirs utiles et directement applicables dans le monde du travail.
3. Renforcer la formation professionnelle
L’enseignement technique et professionnel constitue une voie essentielle vers l’emploi. Il convient donc de développer des établissements de formation professionnelle bien équipés, proposant des formations pratiques dans des domaines variés tels que l’agriculture, la mécanique, l’électricité, l’hôtellerie ou l’informatique. Il est aussi crucial de valoriser ces filières, souvent perçues à tort comme des choix de second rang.
4. Créer des passerelles entre l’école et l’entreprise
Favoriser les partenariats entre établissements d’enseignement et entreprises permettra de multiplier les opportunités de stages, d’alternance, ou de projets collaboratifs. Ces expériences pratiques facilitent l’insertion professionnelle des jeunes et leur donnent une vision plus concrète de leur futur métier. Des programmes de mentorat et de tutorat par des professionnels peuvent également renforcer ce lien.
5. Encourager la formation continue
Dans un monde en constante évolution, les compétences acquises à l’école peuvent vite devenir obsolètes. Il est donc nécessaire de promouvoir la formation continue pour les diplômés, en leur offrant des opportunités de se réorienter ou d’approfondir leurs connaissances. Des modules flexibles, en présentiel ou à distance, devraient être accessibles à tout moment de la vie active.
6. Développer l’esprit d’entreprendre chez les jeunes
L’entrepreneuriat représente une alternative crédible à l’emploi salarié, notamment dans un contexte où les opportunités professionnelles sont limitées. Intégrer l’enseignement de la culture entrepreneuriale dès le secondaire et l’université permettra aux jeunes de créer leur propre activité, d’innover et de contribuer à la croissance économique. Il s’agit de les former à la gestion, au marketing, à la planification, mais aussi de leur inculquer le goût du risque et de l’initiative.
7. Améliorer les infrastructures éducatives
Un environnement d’apprentissage de qualité est essentiel à la réussite scolaire. Il importe d’investir dans la modernisation des établissements : construction de salles de classe, bibliothèques, laboratoires, centres multimédias, et accès à Internet. Une attention particulière doit être accordée à l’équipement des universités et des centres de formation pour favoriser un enseignement interactif et moderne.
8. Sensibiliser à la valeur de l’éducation
L’adhésion des jeunes et de leurs familles au processus éducatif est fondamentale. Des campagnes de sensibilisation doivent promouvoir l’éducation comme levier de développement personnel et collectif. Il s’agit de lutter contre le décrochage scolaire, les mariages précoces et de motiver les élèves à poursuivre leur formation avec détermination.
9. Mettre en place un système de suivi des diplômés
Pour mieux évaluer l’efficacité des formations proposées, il est indispensable de suivre le parcours des anciens étudiants : leur insertion professionnelle, leur niveau de satisfaction, leurs éventuelles difficultés. Ces données permettront aux établissements et aux autorités éducatives de corriger les écarts et d’ajuster les programmes.
10. Intégrer pleinement les outils numériques dans l’éducation
La digitalisation de l’enseignement est une opportunité pour améliorer l’accès au savoir et diversifier les méthodes pédagogiques. Il convient de former les enseignants aux nouvelles technologies, de développer des plateformes d’e-learning et de faciliter l’accès aux ressources numériques. Cela préparera les étudiants à évoluer dans un monde du travail de plus en plus digitalisé.
En mettant en œuvre ces dix recommandations, le Tchad pourrait amorcer une réforme profonde et durable de son système éducatif. Il ne s’agit pas simplement d’enseigner davantage, mais d’enseigner mieux, de façon plus pragmatique et plus connectée aux enjeux socio-économiques du pays. Un tel changement exige une volonté politique forte, un engagement collectif, et des investissements conséquents. Mais c’est à ce prix que l’éducation deviendra un véritable moteur de développement et d’avenir pour la jeunesse tchadienne.
DAGANA WANG NAMOU
Président du parti Jeunesse Tchadienne en Marche (JTM)
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