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Guerre au Soudan : le Tchad à nouveau débordé par l’afflux des réfugiés du Darfour

Depuis le début du conflit armé au Soudan en avril 2023, les conséquences humanitaires ne cessent de s’aggraver. La guerre ouverte entre les Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo, et l’armée régulière commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, a plongé le pays dans une spirale de violence qui touche durement les populations civiles, en particulier dans la région du Darfour.

Le dernier drame en date s’est produit le 11 avril 2025, lors d’une attaque particulièrement violente contre le camp de déplacés de Zamzam, situé au Darfour Nord. Ce site, l’un des plus vastes du pays, abritait plus de 500.000 personnes ayant fui les violences précédentes. L’assaut a provoqué une nouvelle vague de déplacements massifs vers les pays frontaliers, notamment le Tchad.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les autorités tchadiennes et les agences humanitaires sont confrontées à une situation de plus en plus critique. Depuis l’attaque du camp de Zamzam, plus de 23.000 personnes ont franchi la frontière en l’espace d’une semaine, avec une moyenne quotidienne de plus de 3.300 nouveaux arrivants.

Ces réfugiés sont principalement accueillis dans deux zones de l’est du Tchad : Wadi-Fira (Tine) et Ennedi Est (Ouré-Cassoni). Ces régions, déjà fragilisées par l’instabilité régionale, peinent à absorber un tel afflux de population. Les infrastructures d’accueil sont saturées, les ressources alimentaires et sanitaires insuffisantes, et les conditions de vie précaires.

Le Tchad, qui accueille déjà plus de 600.000 réfugiés soudanais depuis le début du conflit, voit ses capacités d’accueil mises à rude épreuve. Les organisations humanitaires multiplient les alertes face au manque de moyens. « Nous sommes au bord de la rupture », alerte un responsable local du HCR. « Les besoins sont immenses : abris, eau potable, soins médicaux, protection des plus vulnérables… Tout manque. »

La situation est d’autant plus préoccupante que les combats au Darfour s’intensifient. Cette région, déjà théâtre de conflits ethniques et de violences depuis les années 2000, connaît un regain de tensions sanglantes. De nombreux témoignages font état de massacres, d’incendies de villages et d’attaques ciblées contre les civils.

Malgré les appels répétés des Nations unies et des ONG, la mobilisation internationale reste timide. Les besoins humanitaires pour répondre à cette crise sont largement sous-financés. L’OCHA appelle à une augmentation urgente de l’aide internationale afin de renforcer la réponse humanitaire au Tchad et dans les zones frontalières.

Dans ce contexte d’escalade, la question de la sécurité régionale se pose avec acuité. Le Tchad, pays clé dans la stabilité du Sahel, craint une déstabilisation de ses régions orientales si la guerre au Soudan venait à s’étendre davantage.

Alors que l’attention internationale est focalisée sur d’autres crises mondiales, la situation au Darfour et ses répercussions sur le Tchad risquent de sombrer dans l’oubli. Pourtant, chaque jour, des milliers de vies sont déracinées, fuyant une guerre dont l’issue reste incertaine. Le sort des réfugiés soudanais, entassés aux confins du désert tchadien, appelle une réponse urgente, coordonnée et solidaire de la communauté internationale.

LA REDACTION

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