La liberté de la presse au Tchad : entre espoirs fragiles et réalités préoccupantes
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La liberté de la presse au Tchad : entre espoirs fragiles et réalités préoccupantes

Chaque 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée à travers le globe. Mais au Tchad, cette date résonne avec une intensité particulière. Dans un pays où le journalisme se pratique souvent dans un climat d’insécurité et de précarité, cette journée est à la fois une occasion de célébration, de revendication et de réflexion sur l’état de la liberté d’expression.

Selon le classement 2025 de Reporters Sans Frontières (RSF), le Tchad occupe désormais la 108ᵉ place sur 180 pays, perdant 12 rangs en un an. Cette chute illustre une détérioration manifeste de l’environnement médiatique, marquée par une hostilité croissante envers les journalistes. Intimidations, censures, arrestations arbitraires et fermetures de médias indépendants sont devenues des pratiques courantes, surtout lorsqu’il s’agit de couvrir des sujets sensibles tels que la transition politique, les manifestations sociales ou les violations des droits humains.

Le recul du Tchad s’inscrit dans une dynamique régionale de régression démocratique, où la liberté d’informer devient un enjeu stratégique. RSF dénonce l’impunité qui entoure les atteintes aux journalistes et appelle les autorités tchadiennes à respecter les engagements internationaux qu’elles ont souscrits en matière de liberté d’expression.

Face à cette situation, les organisations de défense des droits de la presse réclament des réformes structurelles. Parmi les priorités : garantir l’indépendance de l’organe de régulation des médias, protéger les journalistes contre les violences et les intimidations, et mettre fin aux poursuites abusives contre ceux qui critiquent le pouvoir. Ces réformes sont jugées indispensables pour poser les bases d’un paysage médiatique pluraliste et durable.

Malgré les difficultés, des initiatives locales marquent la Journée mondiale de la liberté de la presse. À Am-Timan, par exemple, un débat a rassemblé des journalistes pour discuter de leur rôle dans le processus démocratique, notamment autour du référendum constitutionnel. Ces événements offrent non seulement un espace de dialogue, mais permettent aussi de renforcer la prise de conscience sur le rôle vital d’une presse libre et responsable.

Fait notable, le classement 2024 de RSF faisait état d’une progression du Tchad, passé de la 109ᵉ à la 96ᵉ place, signe de certaines avancées comme l’assouplissement de restrictions et la reconnaissance accrue du droit des journalistes. Toutefois, cette embellie ponctuelle reste insuffisante face aux nombreux défis qui minent encore le secteur.

Les journalistes tchadiens continuent de travailler sous pression. Les médias publics restent sous le contrôle du ministère de la Communication, limitant leur liberté éditoriale. Les voix critiques s’exposent à des représailles. Dans certaines régions, notamment l’Est et le bassin du Lac Tchad, l’insécurité liée à la présence de groupes armés complique sérieusement le travail des reporters. À cela s’ajoute la précarité économique des rédactions, dépendantes de financements souvent instables, compromettant leur indépendance.

La liberté de la presse au Tchad demeure un combat inachevé. Si des signes d’amélioration peuvent nourrir un certain espoir, la réalité quotidienne des journalistes reste marquée par la peur, la censure et les difficultés économiques. Pour qu’une presse libre puisse véritablement s’épanouir, un engagement ferme des autorités, en collaboration avec la société civile et les partenaires internationaux, est indispensable. Il ne s’agit pas simplement de bien figurer dans les classements mondiaux, mais de garantir, concrètement et durablement, le droit d’informer et d’être informé.

LA REDACTION

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