Le sénateur Abderamane Koulamallah interpelle le sénateur Pahimi Padacké Albert sur ses critiques à l’égard du décret présidentiel
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Le sénateur Abderamane Koulamallah interpelle le sénateur Pahimi Padacké Albert sur ses critiques à l’égard du décret présidentiel

Une vive passe d’armes secoue la scène politique tchadienne suite à la récente sortie du sénateur et ancien Premier ministre, Pahimi Padacké Albert, chef du parti RNDT Le Réveil et chef de file de l’opposition. Par une publication sur sa page Facebook, ce dernier a vertement critiqué le décret présidentiel portant nomination de secrétaires généraux, préfets et sous-préfets, qu’il juge contraire aux principes républicains.

En réponse, le sénateur Abderamane Koulamallah a publié une lettre ouverte incisive, interpellant frontalement son collègue du Sénat, l’accusant de renier son propre parcours et de verser dans une opposition jugée opportuniste.

Dans cette lettre rendue publique, Abderamane Koulamallah rappelle avec insistance le long parcours politique de Pahimi Padacké Albert, qui fut plusieurs fois ministre, et deux fois Premier ministre, sous le régime de feu le président, Maréchal Idriss Déby Itno. Il souligne que peu d’acteurs politiques peuvent se targuer d’avoir occupé autant de hautes fonctions et bénéficié de la confiance des plus hautes autorités de l’État, y compris durant la transition.

« Vous avez fait partie de ceux qui détenaient les leviers de l’action publique, et votre part dans la gestion de cette transition est donc entière », insiste Koulamallah, en ajoutant que M. Padacké Albert a lui-même procédé à de nombreuses nominations à des postes administratifs au profit de ses soutiens politiques.

L’interpellation se fait plus virulente lorsque Koulamallah s’étonne de voir celui qu’il qualifie d’ »architecte du système » se présenter aujourd’hui comme un opposant farouche. Il dénonce une posture de « censeur intransigeant » qui oublierait commodément les responsabilités passées.

« Comment feindre de découvrir aujourd’hui les difficultés et les imperfections d’un système que vous avez contribué à façonner ? » interroge-t-il, non sans ironie, soulignant également que le parti RNDT Le Réveil, pourtant dans l’opposition, continue de bénéficier de sièges sénatoriaux attribués par le chef de l’État.

Koulamallah conclut sa lettre par un appel à la retenue et à la cohérence. Il exhorte son collègue à ne pas céder aux faux-semblants et à assumer pleinement ses responsabilités politiques passées. Le message est clair : l’ancien Premier ministre ne peut se dédouaner du système dont il fut, selon lui, l’un des piliers.

« Le Tchad n’a pas besoin de faux-semblants, mais d’hommes politiques constants dans leurs engagements et sincères dans leur quête de l’unité nationale », martèle-t-il.

Cette passe d’armes révèle les fractures persistantes au sein de la classe politique tchadienne. Les critiques de Pahimi Padacké Albert touchent un sujet sensible : la centralisation des nominations administratives, perçue par certains comme une remise en cause de l’équilibre institutionnel.

De son côté, la réaction vigoureuse de Koulamallah témoigne d’une volonté de rappeler à l’ordre les anciens dignitaires qui tenteraient, selon lui, de se reconfigurer en opposants sans faire leur propre examen de conscience.

Ce débat pose en filigrane la question de la crédibilité des acteurs politiques dans une période charnière pour le Tchad, alors que le pays cherche à consolider ses institutions et à construire un avenir démocratique plus inclusif. La population, quant à elle, observe avec attention ces joutes verbales, en quête d’une gouvernance plus responsable, et de discours en phase avec les réalités vécues.

LA REDACTION

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