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Les sous-travaux de la commune de N’Djamena remplacent-ils les ouvrages principaux ?

Depuis l’élection de Sénoussi Hassana Abdoulaye à la tête de la mairie de N’Djamena, la capitale tchadienne semble connaître un vent nouveau, marqué par une série de réformes visibles et fortement saluées par une grande partie de la population. L’embellissement des voies publiques, la régulation du commerce informel sur les trottoirs et la restriction de la circulation des poids lourds à des horaires bien définis sont quelques-unes des mesures phares mises en œuvre.

Ces actions, bien que louables, soulèvent une question centrale : les sous-travaux engagés suffisent-ils à répondre aux besoins structurels profonds de la ville, ou ne sont-ils que des palliatifs temporaires ?

Le premier constat positif porte sur la propreté des rues et des marchés, une transformation palpable que même les plus sceptiques reconnaissent. L’enlèvement des étals anarchiques qui obstruaient les trottoirs a libéré les voies piétonnes, réduisant les embouteillages et rendant la circulation plus fluide pour les usagers, notamment les cyclistes et piétons.

L’autre mesure fortement appréciée concerne la circulation des poids lourds. Désormais cantonnés à des plages horaires précises, ces camions, souvent responsables d’accidents dramatiques, sont mieux encadrés. Cette régulation témoigne d’une volonté d’instaurer l’ordre et la sécurité dans la circulation urbaine.

Le terme “banan”, qui désigne les petites actions bienveillantes et utiles au quotidien revient souvent pour qualifier les initiatives du nouveau maire. Ces gestes de gouvernance, longtemps attendus par les citoyens, sont aujourd’hui devenus réalité. Cependant, certains observateurs s’interrogent : ces actions ne devraient-elles pas être considérées comme acquises depuis longtemps ?

En effet, la régulation des marchés et de la circulation urbaine devrait être le socle de toute gestion municipale, et non une fin en soi. La mairie, en se concentrant sur ces aspects visibles, ne risque-t-elle pas de négliger les véritables défis structurels qui minent la vie des N’Djamenois ?

Parmi les préoccupations majeures figure la question des inondations. À l’approche de chaque saison des pluies, certains quartiers comme Arangaji, Butt al-Baqarah ou Shaddar Talata se transforment en véritables marécages. Les eaux stagnantes envahissent les maisons, transformant les chambres des habitants en étangs précaires. La population vulnérable, qui y réside majoritairement, vit dans la crainte perpétuelle des pluies.

Face à cette réalité, l’ouverture des canaux d’évacuation d’eau devrait être une priorité absolue. Mais pour l’instant, rien n’indique que des travaux majeurs dans ce sens aient été entamés. Si ces chantiers de fond ne sont pas lancés rapidement, les efforts visibles de propreté et d’organisation risquent d’être réduits à néant à la première grande pluie.

La population, encore sous l’effet positif des premières mesures, garde un œil attentif sur la suite. Le maire a certes montré une capacité d’action rapide et concrète, mais la population attend désormais des réponses structurelles aux problèmes enracinés, notamment ceux liés à l’urbanisme, aux infrastructures d’assainissement et à la gestion des risques climatiques.

Les sous-travaux de N’Djamena — bien qu’indispensables et encourageants — ne doivent pas masquer l’urgence des ouvrages principaux. Le développement durable d’une capitale ne saurait se résumer à sa seule apparence ; il repose sur une vision holistique et inclusive qui prend en compte les réalités de tous ses citoyens, en particulier les plus vulnérables.

Le temps dira si Sanusi Abdoulaye Hasna entend réellement transformer la ville en profondeur ou s’il se contentera des façades. En attendant, la vigilance citoyenne demeure essentielle pour rappeler à l’équipe municipale que le cœur de la ville bat aussi dans ses zones oubliées.

RAMATALLAH SENOUSSI Adam

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