Le colonel Michael Randrianirina a été officiellement investi, ce vendredi 17 octobre 2025, président de la Refondation de la République de Madagascar, lors d’une cérémonie solennelle organisée à Antananarivo. Cet événement marque un tournant majeur dans la vie politique du pays, plongé depuis plusieurs semaines dans une crise institutionnelle consécutive à la destitution du président Andry Rajoelina.
Pour la première fois dans l’histoire du pays, la prestation de serment s’est tenue au siège de la Haute Cour constitutionnelle (HCC). Un choix motivé par un « souci de sobriété », selon un communiqué signé par le colonel Randrianirina deux jours plus tôt.
Habituellement, ce type de cérémonie se déroule dans un stade, devant des milliers de citoyens. En optant pour la HCC, le nouveau pouvoir cherche sans doute à asseoir sa légitimité sur le plan constitutionnel et symbolique, après plusieurs semaines de fortes tensions politiques.
Devant les plus hautes autorités militaires et civiles, le colonel Randrianirina, figure montante de l’armée malgache, a prêté serment en promettant de « rétablir l’ordre constitutionnel » et de « refonder la République sur des bases solides, justes et inclusives ».
« Ce jour marque un tournant historique pour notre pays, avec un peuple en effervescence, mû par la volonté du changement et par l’amour profond de sa patrie. Nous ouvrons un nouveau chapitre de la vie nationale. », a déclaré le nouveau président.
Le colonel Randrianirina a également évoqué la situation socio-économique du pays, rappelant que, 65 ans après l’indépendance, Madagascar demeure parmi les nations les plus pauvres du monde. Il a salué la mobilisation de la jeunesse, notamment de la Génération Z, « victime d’injustice et de détournements de biens publics », descendue dans les rues pour réclamer une « Refondation nationale » et des solutions aux coupures incessantes d’eau et d’électricité.
L’investiture du colonel Randrianirina intervient après plusieurs semaines de manifestations massives dénonçant la corruption et l’effondrement économique. Le 25 septembre dernier, le président Andry Rajoelina avait été destitué par le Parlement.
Dans la foulée, l’armée a pris le contrôle des principales institutions, invoquant la nécessité de « préserver l’unité nationale » et d’éviter le chaos.
Si le nouveau pouvoir promet une transition « courte et pacifique », aucune feuille de route précise n’a encore été dévoilée quant au retour à un régime civil ou à la tenue d’élections. Plusieurs organisations de la société civile et partenaires internationaux ont appelé à la retenue et à un dialogue national inclusif.
Pour une partie de la population, la Refondation représente une chance de rebâtir un système politique jugé à bout de souffle. D’autres, en revanche, redoutent une dérive autoritaire sous la direction d’un militaire.
Dans les rues d’Antananarivo, l’atmosphère reste partagée : entre espoir de changement et crainte de l’inconnu, alors que le pays s’engage dans une nouvelle ère dont les contours restent encore flous.
La Rédaction