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Madagascar : une révolte générationnelle tourne à la crise d’État

Madagascar traverse une crise politique d’une ampleur inédite depuis plus d’une décennie. La présidence a dénoncé ce dimanche 12 octobre 2025, une « tentative de prise du pouvoir illégale et par la force », après que plusieurs soldats ont rejoint un mouvement de contestation populaire visant le président Andry Rajoelina.

Selon un communiqué du secrétariat à la Communication de la présidence, « le Président de la République, garant de l’unité nationale, condamne fermement toute tentative de déstabilisation du pays et appelle toutes les forces vives à s’unir pour préserver la paix et la souveraineté nationale ». Aucune preuve n’a toutefois été fournie pour étayer ses accusations.

Débuté le 25 septembre, le mouvement de protestation est né dans la rue, mené par une jeunesse qui se revendique de la « génération Z », à l’image des mobilisations sociales au Kenya ou au Népal. Les manifestants dénoncent la pauvreté persistante, la corruption endémique et les coupures d’électricité à répétition. Ils réclament la démission du chef de l’État, la dissolution du Sénat, la création d’une commission électorale indépendante et des excuses publiques du président.

Les rassemblements, d’abord pacifiques, ont rapidement dégénéré en affrontements violents avec les forces de sécurité. Selon les Nations unies, au moins 22 personnes ont perdu la vie et plus de 100 ont été blessées. Le gouvernement malgache conteste ce bilan, évoquant 12 morts.
Face à la montée des tensions, les autorités ont annoncé la suspension temporaire de tous les vols intérieurs et internationaux, invoquant des raisons de sécurité.

En réaction à la crise, Andry Rajoelina a dissous son gouvernement début octobre et nommé le général Ruphin Fortunat Zafisambo au poste de Premier ministre. Ce remaniement vise, selon la présidence, à « rétablir la stabilité et le dialogue national ». Mais les manifestants, eux, voient dans cette décision une manœuvre politique destinée à gagner du temps.

Cette flambée de colère populaire illustre un profond malaise social et politique à Madagascar. Dans la capitale, Antananarivo, la situation reste tendue. Des barrages ont été érigés sur certaines routes principales, et plusieurs quartiers connaissent des coupures d’électricité prolongées.


Les observateurs internationaux appellent au calme et au dialogue. Mais pour l’heure, le spectre d’une crise institutionnelle majeure plane sur la Grande Île, fragilisée par des années d’instabilité politique et économique.

La Rédaction

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