Par un arrêté municipal pris ce lundi 26 mai, la Mairie de N’Djamena interdit désormais la célébration des mariages à domicile par les officiers d’état civil. Cette décision, présentée comme une mesure de régulation et de renforcement de l’autorité municipale, marque un tournant dans la manière dont les unions civiles seront désormais célébrées dans la capitale tchadienne.
Selon le contenu de l’arrêté signé par le maire de la ville, seuls les mariages célébrés dans les locaux habilités des mairies d’arrondissement ou dans les salles dédiées à cet effet seront reconnus comme valablement enregistrés par les autorités municipales. Cette mesure vise à mettre fin à une pratique jugée contraire à l’esprit de solennité et de légalité que doit revêtir l’acte de mariage civil.
Le maire justifie cette décision par « la nécessité de réorganiser le service public de l’état civil, d’éviter les dérives administratives et d’assurer la sécurité juridique des actes de mariage ». Il rappelle également que l’état civil est une prérogative exclusive de la puissance publique et que sa décentralisation ne doit pas donner lieu à des pratiques informelles.
Depuis plusieurs années, la pratique des mariages à domicile s’est intensifiée à N’Djamena, souvent sous la demande de familles influentes ou pour des raisons logistiques et festives. Cependant, cette tendance aurait entraîné un certain nombre de dérapages : actes non enregistrés, absence de témoins officiels, manque de transparence dans les frais exigés par certains officiers d’état civil, et même la falsification de documents.
Des enquêtes internes menées au sein de certaines mairies d’arrondissement auraient révélé des cas de corruption et de non-respect de la procédure, compromettant la validité juridique de nombreux mariages célébrés hors du cadre officiel.
L’arrêté municipal suscite des réactions diverses au sein de la population. Si certains saluent la décision comme un pas vers plus de rigueur et de transparence dans la gestion des actes civils, d’autres dénoncent une mesure restrictive, inadaptée aux réalités sociales et familiales tchadiennes, notamment en ce qui concerne les traditions locales.
Avec cette décision, la Mairie de N’Djamena entend poser les jalons d’une réforme plus large de l’état civil, dans un pays où les actes de naissance, de mariage et de décès sont encore trop souvent établis de manière irrégulière.
LA REDACTION