La décision de fermer les écoles pendant le mois du ramadan dans quatre États du nord du Nigéria, Kano, Katsina, Bauchi et Kebbi, a provoqué une levée de boucliers parmi plusieurs acteurs de la société civile, notamment les chrétiens et les syndicats d’enseignants. Cette mesure, officiellement justifiée par des motifs religieux et pratiques, soulève des questions sur l’éducation, l’inclusivité et la laïcité au sein du système scolaire nigérian.
Selon les gouvernements des États concernés, la fermeture des écoles pendant le ramadan répond à une volonté d’adapter le calendrier scolaire aux habitudes des familles musulmanes pratiquantes. Il s’agirait d’alléger la charge des élèves et des enseignants qui jeûnent, en leur évitant des difficultés liées à la fatigue et à la baisse de concentration. De plus, certains responsables justifient cette mesure en invoquant une pratique déjà adoptée de manière informelle dans certaines régions par le passé.
Cependant, cette décision suscite une forte opposition de la part de plusieurs acteurs. Pour de nombreux syndicats d’enseignants et d’associations chrétiennes, cette fermeture pénalise les élèves en limitant leur temps d’apprentissage et en perturbant le calendrier scolaire. Ils estiment que le ramadan ne devrait pas impacter le fonctionnement des institutions publiques, qui doivent rester neutres face aux questions religieuses.
Les chrétiens, représentant une part importante de la population nigériane, dénoncent une mesure discriminatoire. Ils soulignent que si l’État accepte de fermer les écoles pour une fête musulmane, il devrait en faire autant pour les fêtes chrétiennes, ce qui poserait un problème d’équité. D’autres voix s’élèvent pour rappeler que le Nigéria est une nation multiconfessionnelle, où les institutions doivent garantir l’égalité de traitement entre toutes les confessions.
Les syndicats enseignants critiquent également la décision en raison des répercussions sur le programme scolaire. Pour eux, la fermeture des écoles entraînera des retards dans la progression des cours et obligera à des ajustements parfois complexes à la fin de l’année scolaire. Certains enseignants redoutent même une augmentation du taux d’abandon scolaire, déjà très élevé dans cette partie du pays.
Cette polémique remet en lumière les tensions récurrentes entre laïcité et religion au Nigéria. Le pays est souvent confronté à des débats sur la cohabitation entre ses populations musulmanes, majoritairement concentrées dans le nord, et chrétiennes, plus nombreuses dans le sud.
La question de l’éducation est particulièrement sensible, car elle reflète ces clivages. Certains analystes rappellent que la fermeture des écoles durant le ramadan pourrait créer un précédent, encourageant d’autres revendications religieuses qui risqueraient d’impacter l’unité du système éducatif national.
Face à ces critiques, plusieurs alternatives ont été proposées. Certains suggèrent d’adapter les horaires des cours pendant le ramadan plutôt que de fermer totalement les écoles. Une autre idée serait d’introduire un système de cours en ligne pour permettre aux élèves de poursuivre leur apprentissage à domicile. D’autres encore prônent un dialogue plus approfondi entre les autorités et les différentes communautés religieuses afin de trouver un compromis qui respecte à la fois les croyances et l’exigence d’une éducation continue.
Dans un contexte où le système éducatif nigérian est déjà confronté à de nombreux défis tels que l’insécurité, le sous-financement et les grèves récurrentes, la fermeture des écoles pour des raisons religieuses risque d’ajouter une difficulté supplémentaire. Il reste à voir si les gouvernements des États concernés maintiendront leur décision face à la contestation grandissante ou s’ils chercheront une solution plus inclusive.
LA REDACTION
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