Devant la presse nationale et internationale, le président du RNDT-Le Réveil et chef de l’opposition démocratique, M. Pahimi Padacké Albert, a vigoureusement dénoncé ce qu’il qualifie de « manœuvre gouvernementale camouflée » visant à réviser la Constitution tchadienne sous de faux prétextes.
Selon lui, des chefs de partis politiques seraient sollicités « nuitamment » par un ministre afin d’apposer leur signature au bas d’une pétition justifiant une prétendue initiative parlementaire de révision constitutionnelle. Une méthode qu’il juge « légère, ridicule et malsaine ».
Parmi les propositions en circulation figure le retour de la peine de mort, que l’opposant considère comme un « recul inutile », incapable de résoudre le vrai problème : « l’impunité sélective et catégorielle » qui mine la société tchadienne.
Il a également dénoncé les rumeurs d’une suppression de la limitation des mandats présidentiels ou d’un allongement du mandat des députés, évoquant des « hypothèses insensées » qui saperaient davantage la confiance du peuple.
Dans une longue mise en perspective historique, Pahimi Padacké a rappelé les sacrifices consentis lors de la Conférence Nationale Souveraine de 1993, qui a permis au Tchad d’édifier un pacte républicain basé sur la paix, la stabilité et l’impartialité de la fonction présidentielle.
Il a souligné que la Constitution de 1996, reprise par celle du 17 décembre 2023, interdit clairement toute confusion entre le Président de la République et l’appartenance partisane : « Le Chef de l’État est l’arbitre suprême, placé au-dessus de la mêlée, garant de l’unité nationale ».
Or, la désignation en janvier 2025 de Mahamat Idriss Déby Itno comme président du MPS constitue, selon lui, une « violation flagrante » de cette impartialité. « C’est une offense à la mémoire des martyrs et à l’intelligence collective du peuple tchadien », a-t-il martelé.
Pour l’opposition, le projet actuel de modification constitutionnelle ne vise pas à renforcer la démocratie, mais à « aligner la loi fondamentale sur le règlement intérieur d’un parti ». Pahimi a exigé que seul un référendum libre et inclusif puisse décider d’un tel changement de fond.
Il a mis en garde contre les conséquences d’un abaissement de la fonction présidentielle à un rôle partisan, citant l’Histoire africaine et mondiale comme autant d’exemples funestes.
Dans un autre registre, le chef de l’opposition a dénoncé la résurgence du projet de code pastoral, qualifié par les évêques du Tchad de « paysanicide ». Il a rappelé que le défunt président Idriss Déby avait refusé de promulguer ce texte en 2014 pour préserver l’unité nationale, appelant le pouvoir actuel à « s’inspirer de cette sagesse ».
Dans un ton grave, Pahimi Padacké a exhorté les Tchadiens, toutes générations confondues, à refuser « cette dérive mortifère » :
« Ce combat n’est pas partisan. Il engage toutes les consciences. Ceux qui initient cette modification portent une lourde responsabilité devant l’Histoire et devant Dieu ».
Citons encore cette mise en garde : « Lever l’incompatibilité de la fonction présidentielle vous dessert et affaiblit l’institution qui nous appartient à tous. »
En conclusion, il a appelé à une mobilisation générale contre le « coup de force constitutionnel en cours », tout en terminant sur une note d’unité et d’espoir, en exprimant son soutien à l’équipe nationale de football, les SAO, qu’il a présentée comme « meilleur instrument d’un peuple divisé ».
La Rédaction
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