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Présidentielle 2025 au Cameroun : un scrutin à un tour sous haute tension

Le Cameroun a voté ce dimanche 12 octobre 2025 pour désigner son chef de l’État, lors d’une élection présidentielle à un tour. Un scrutin décisif qui pourrait prolonger le règne du président sortant Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 43 ans.

Selon la Constitution camerounaise, le président est élu au suffrage universel direct pour un mandat de sept ans, renouvelable sans limite depuis la réforme de 2008. Douze candidats étaient en lice, dont Paul Biya, qui brigue un huitième mandat. Le système électoral ne prévoit qu’un seul tour : le candidat qui obtient le plus de voix l’emporte, quel que soit le score des autres.

Au total, 7 845 622 électeurs étaient inscrits, dont 26 800 dans la diaspora, pour voter dans les 30 357 bureaux de vote répartis sur le territoire national et dans les représentations diplomatiques à l’étranger. La campagne électorale, officiellement ouverte deux semaines avant le scrutin, s’est achevée samedi à minuit.

Les autorités ont salué un scrutin « sans incident majeur ». Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a confirmé dimanche soir que « le vote s’est déroulé dans le calme » avant de mettre en garde les candidats et les plateformes citoyennes contre toute publication anticipée de résultats, rappelant que seul le Conseil constitutionnel est habilité à les proclamer.

Mais sur le terrain, quelques prises de bec ont émaillé la journée, notamment à Douala. Dans plusieurs bureaux de vote du Lycée technique d’Akwa, des électeurs ont dénoncé des irrégularités lors du dépouillement.

« On trouve deux bulletins du RDPC dans une même enveloppe. Pourquoi jamais ceux des autres ? », s’indigne un électeur, resté sur place jusqu’à tard dans la nuit pour « surveiller son vote ».

Des échanges vifs ont opposé responsables d’ELECAM et scrutateurs, nécessitant parfois l’intervention des forces de l’ordre, présentes pour prévenir tout débordement. Dans un autre centre de vote, une scrutatrice aurait quitté les lieux avant la fin du dépouillement sans remettre son procès-verbal, tandis que l’absence des représentants de huit partis sur douze a été signalée.

En 2018, la participation officielle avait atteint 53,85 % au niveau national. Paul Biya l’avait alors emporté avec 71,28 % des voix, loin devant Maurice Kamto (14,23 %) et Cabral Libii (6,28 %). Cette année encore, le président sortant apparaît comme le grand favori, face à onze autres candidats, dont Issa Tchiroma Bakary, son ancien ministre de la Communication.

À Garoua, fief de ce dernier, des heurts ont brièvement éclaté entre ses partisans et les forces de sécurité. Son domicile est désormais placé sous surveillance policière.

Le Conseil constitutionnel dispose d’un délai maximum de quinze jours après le scrutin, soit jusqu’au 26 octobre, pour proclamer les résultats officiels. Toute requête post-électorale devra être déposée dans les 72 heures suivant la clôture du vote. Ses décisions seront définitives et sans recours.

En attendant, le pays reste suspendu à l’annonce du verdict des urnes. Paul Biya, qui s’est présenté aux côtés de son épouse Chantal dans un bureau de vote proche du palais présidentiel à Yaoundé, a déclaré sobrement :

« Rien n’est acquis. Attendons qu’on connaisse le nom de l’élu. »

S’il est réélu, le chef de l’État camerounais pourrait atteindre 99 ans au terme de son nouveau mandat. Une longévité politique exceptionnelle qui fait du Cameroun l’un des derniers régimes d’Afrique subsaharienne où le pouvoir n’a jamais changé de main depuis plus de quatre décennies.

La Rédaction

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