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Présidentielle au Cameroun : Brenda Biya brise le silence et s’oppose à son père

À moins d’un mois du scrutin présidentiel au Cameroun, une vidéo virale bouleverse la campagne. Brenda Biya, fille du président sortant Paul Biya, appelle publiquement les Camerounais à ne pas voter pour son père.

Le 18 septembre 2025, une vidéo publiée sur TikTok a enflammé les réseaux sociaux camerounais et bien au-delà. Brenda Biya, 27 ans, fille du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, y demande aux électeurs de tourner la page en refusant de reconduire son père pour un huitième mandat, lors de l’élection prévue le 12 octobre.

Dans son message, Brenda Biya dénonce les souffrances qu’aurait engendrées la gouvernance de son père. « Ce n’est pas seulement pour des raisons personnelles, mais pour tout le peuple », affirme-t-elle. Elle explique avoir elle-même vécu des tensions au sein de sa famille, se disant « sacrifiée » et « réduite au silence ». Elle annonce aussi renoncer aux avantages financiers dont elle bénéficiait, qu’elle décrit comme un moyen de la contrôler.

Résidant à l’étranger, notamment en Suisse, Brenda Biya s’exprime depuis un certain éloignement de la scène politique camerounaise. Mais sa prise de parole résonne fortement, car elle brise un double tabou : celui de la loyauté familiale et celui du respect d’un chef d’État toujours en exercice.

Dans les rangs de l’opposition et de la société civile, cette sortie est perçue comme un acte de courage. L’écrivaine Calixthe Beyala a relayé son message, estimant que la fille du président « confirme que son père a fait beaucoup de mal au peuple camerounais ». Pour certains militants, cette voix issue de l’intérieur du cercle présidentiel donne du crédit aux critiques portées depuis des décennies contre le régime.

À l’inverse, dans le camp du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti présidentiel, l’indignation domine. Des soutiens de Paul Biya dénoncent une « trahison » en pleine campagne et minimisent l’impact de cette déclaration qu’ils jugent « irresponsable ».

Sur les réseaux sociaux, le débat est vif. Une partie des internautes salue une prise de parole jugée « libératrice » et « nécessaire ». D’autres, en revanche, voient dans cette sortie un manque de respect envers son père ou une provocation motivée par des différends familiaux.

Reste une question : cet appel peut-il réellement influencer le vote ? Au Cameroun, les loyautés politiques et locales demeurent solides. Mais la jeunesse, connectée et en quête de changement, pourrait être sensible à un tel signal venu de l’intérieur même de la famille présidentielle.

À ce jour, aucune réaction officielle forte n’a encore été enregistrée du côté du pouvoir. Mais l’affaire secoue déjà la campagne électorale et pourrait compliquer la stratégie du président sortant, candidat à sa propre succession à 92 ans.

Qu’elle modifie ou non les résultats du scrutin, la sortie de Brenda Biya restera comme un moment marquant : pour la première fois, la fille d’un président en exercice au Cameroun appelle publiquement à tourner la page sur un règne qui dure depuis plus de quarante ans.

La Rédaction

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