Dix-neuf mois après avoir orchestré un coup d’État contre le président Ali Bongo Ondimba, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a été proclamé grand vainqueur de l’élection présidentielle au Gabon. Selon les résultats provisoires annoncés dimanche soir par le ministère de l’Intérieur, il aurait remporté 90,35 % des suffrages exprimés, consolidant ainsi sa domination sur la scène politique nationale.
Cette élection, très attendue tant à l’échelle nationale qu’internationale, marque officiellement la fin de la transition militaire engagée après le renversement du régime Bongo en août 2023. Le scrutin s’est déroulé dans un climat relativement calme, bien que certaines voix aient dénoncé un manque d’équité et de transparence dans le processus électoral.
Le principal adversaire du général-président, Alain-Claude Bilie By Né, ancien Premier ministre sous Ali Bongo, n’a recueilli que 3,02 % des voix, loin derrière le score massif de Nguema. Les six autres candidats, peu connus du grand public et peu médiatisés, n’ont pas dépassé la barre des 1 %, illustrant la faiblesse et la fragmentation de l’opposition gabonaise.
Le taux de participation, selon les résultats provisoires, s’élève à 70,4 %, un chiffre relativement élevé qui témoigne d’un certain engouement populaire, malgré les critiques sur l’organisation du scrutin et les soupçons de verrouillage du paysage politique.
Brice Oligui Nguema, âgé de 50 ans, ancien chef de la puissante Garde républicaine, s’était emparé du pouvoir en août 2023, quelques heures seulement après l’annonce controversée de la réélection d’Ali Bongo. Il avait alors promis de « restaurer la démocratie » et de remettre le pouvoir aux civils à l’issue d’une période de transition.
Durant ces 19 mois, le général s’est employé à refonder les institutions et à réformer la Constitution, tout en consolidant son emprise sur l’appareil d’État. Il a su habilement conjuguer un discours de rupture avec l’ancien régime et une pratique de pouvoir marquée par le maintien d’un contrôle militaire sur les leviers politiques.
Si la victoire de Brice Oligui Nguema est saluée par ses partisans comme une consécration de son « leadership de transition », elle est jugée par d’autres comme une élection verrouillée, destinée à légitimer un pouvoir déjà solidement établi.
Plusieurs observateurs internationaux et ONG de défense des droits humains ont pointé du doigt l’absence de véritable compétition, la limitation de l’accès aux médias pour l’opposition, et le rôle prépondérant de l’armée dans la conduite du processus électoral.
À l’heure où le Gabon tente de tourner la page de plus d’un demi-siècle de règne de la famille Bongo, la victoire de Brice Oligui Nguema soulève des interrogations sur la nature du nouveau régime. Sera-t-il un véritable retour à un ordre constitutionnel démocratique, ou l’instauration d’un nouveau pouvoir autoritaire sous un vernis électoral ?
Seul l’avenir dira si cette élection historique marquera une renaissance politique pour le Gabon ou la consolidation d’un pouvoir militaire sous une façade civile.
MBAILEDE TRESOR
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