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Quand la pluie révèle l’indifférence : le calvaire des enfants de la rue à N’Djamena

À N’Djamena, la saison des pluies, tant attendue pour ses bienfaits agricoles, se transforme en cauchemar pour les enfants de la rue. Chaque averse dévoile une réalité souvent ignorée : celle de centaines de mineurs livrés à eux-mêmes, contraints de survivre dans des conditions indignes.

Si pour les automobilistes et les commerçants, les flaques et les routes boueuses ne sont qu’une gêne passagère, pour les enfants sans abri, la pluie est une menace constante. Ces jeunes, âgés pour la plupart de 7 à 15 ans, dorment à même le sol, sous des auvents de boutiques, dans les marchés ou sur des cartons trempés. Quand la pluie tombe, leurs maigres affaires disparaissent sous l’eau et leur sommeil est interrompu. Sans protection, ils affrontent le froid, la faim et la peur.

L’humidité, le manque d’hygiène et l’absence de soins favorisent la propagation de maladies : paludisme, infections respiratoires, diarrhées ou maladies de peau. À cela s’ajoutent les risques de violences physiques et sexuelles auxquels ces enfants sont particulièrement exposés. La saison des pluies aggrave également leur précarité économique : les marchés ferment plus tôt, limitant leurs maigres activités de survie comme la mendicité ou la vente de petits objets. La faim et le désespoir poussent certains vers le vol, les exposant à de lourdes représailles.

Face à cette situation dramatique, des solutions existent, mais elles nécessitent une volonté politique forte et un engagement collectif :

  • Mettre en place des centres d’accueil temporaires pour offrir un abri aux enfants durant la saison des pluies.
  • Lancer un programme national de réinsertion incluant scolarisation, formation professionnelle et accompagnement psychologique.
  • Adopter et appliquer une politique de protection de l’enfance, avec un budget dédié et des lois effectives.
  • Renforcer l’action des associations, leaders communautaires et religieux pour assurer l’encadrement et la protection de ces enfants.
  • Soutenir les familles vulnérables afin de prévenir l’abandon et l’errance des plus jeunes.

Chaque pluie qui tombe à N’Djamena met en lumière l’injustice silencieuse que subissent les enfants de la rue. Leur situation n’est pas seulement un problème humanitaire : elle reflète l’indifférence d’une société face à sa jeunesse la plus vulnérable. Laisser ces enfants dans la misère, c’est fermer les yeux sur une urgence humaine et sociale.

La capitale tchadienne, sous les averses, offre un miroir troublant : celui d’une société qui peut choisir de détourner le regard ou, au contraire, de tendre la main pour sauver son avenir.

DARBAWA KAOKAMLA

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