L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a effectué un retour remarqué sur le sol congolais en atterrissant, le 18 avril 2025, à Goma, capitale du Nord-Kivu, une région actuellement sous forte tension et partiellement contrôlée par le mouvement rebelle du M23. Ce retour inattendu soulève de nombreuses questions tant sur le plan politique que sécuritaire.
Après plusieurs mois de silence et d’absence de la scène politique nationale, Joseph Kabila, président de la RDC de 2001 à 2019, a choisi la ville de Goma comme point d’entrée au pays. Une décision lourde de sens dans un contexte où le M23, groupe rebelle majoritairement composé de Tutsis congolais, contrôle une partie significative du territoire autour de Goma, notamment depuis leur récente avancée vers le sud de la province.
Malgré l’insécurité ambiante, l’ancien chef de l’État a été accueilli par un cortège limité de fidèles et de responsables du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), sa formation politique. Aucun représentant officiel du gouvernement en place n’était présent à l’accueil, renforçant les spéculations sur la nature et le but de ce retour.
Depuis fin 2021, la région du Nord-Kivu est en proie à un regain de violence, marqué par la résurgence du M23, qui a conquis plusieurs localités stratégiques. Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir le groupe rebelle, ce que Kigali dément. Les efforts diplomatiques entrepris dans le cadre du processus de Luanda n’ont jusqu’ici pas permis de désamorcer complètement la crise.
Le retour de Kabila à Goma, dans un tel contexte, est interprété par certains analystes comme un acte de défi ou de stratégie politique visant à marquer son territoire dans une région historiquement liée à son pouvoir, voire à tester les équilibres politiques et militaires en place.
La démarche de Joseph Kabila pourrait être vue comme un signal fort à l’intention du président Félix Tshisekedi, son successeur, en pleine préparation pour la consolidation de son second mandat. Certains observateurs y voient une tentative de réaffirmation politique, d’autant plus que les tensions entre les partisans du PPRD et ceux de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ne se sont jamais réellement apaisées.
Ce retour pourrait également précéder une éventuelle recomposition des alliances politiques dans la perspective des élections locales et provinciales, plusieurs fois reportées, mais attendues avec impatience par les acteurs politiques et la population.
Reste à savoir si ce retour de l’ancien président est purement symbolique, ou s’il annonce une réactivation plus active de sa participation à la vie politique congolaise. En attendant, les regards restent tournés vers Goma, au cœur d’une région stratégique et instable, où la présence de Joseph Kabila ne manquera pas de susciter des remous, à la fois dans les milieux diplomatiques, militaires et politiques.
LA REDACTION
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