L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pris une décision historique, ce mercredi 14 août 2024, en déclarant l’épidémie de variole du singe, désormais connue sous le nom de Mpox, comme une « urgence de santé publique de portée internationale ». Face à la résurgence rapide des cas en Afrique, cette alerte maximale souligne l’inquiétude croissante des autorités sanitaires mondiales.
L’épidémie actuelle de Mpox, qui a commencé en République démocratique du Congo, se distingue par la propagation d’une souche particulièrement virulente, le clade 1b. Ce virus, plus contagieux et dangereux que ses prédécesseurs, a déjà causé la mort de 1 456 personnes sur les 38 465 cas recensés dans 16 pays africains depuis janvier 2022. Les autorités sanitaires sont d’autant plus préoccupées que le taux de mortalité associé à ce clade est estimé à 3,6 %, bien supérieur aux souches précédentes.
Cette alerte survient après une augmentation alarmante de 160 % des cas en 2024 par rapport à l’année précédente. « Nous faisons face à plusieurs épidémies avec différents clades dans différents pays, avec différents modes de transmission et différents niveaux de risque« , a expliqué le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, lors d’une conférence de presse.
La décision de l’OMS de déclencher son plus haut niveau d’alerte n’a pas été prise à la légère. Après avoir consulté un comité d’experts, tous unanimes quant à la gravité de la situation, le Dr Tedros a souligné l’importance de coordonner une réponse mondiale. « L’OMS s’engage, dans les jours et les semaines à venir, à collaborer étroitement avec chacun des pays touchés pour prévenir la transmission, traiter les personnes infectées et sauver des vies« , a-t-il déclaré.
Cette déclaration permet également à l’OMS d’accéder à des fonds supplémentaires pour financer les interventions d’urgence nécessaires, bien que les défis restent nombreux. Selon Marion Koopmans, professeure à l’université Erasmus de Rotterdam, « les mêmes priorités demeurent : investir dans la capacité de diagnostic, la réponse de santé publique, l’aide au traitement et la vaccination. »
La situation en Afrique est particulièrement préoccupante. Mardi, l’agence de santé de l’Union africaine a également déclaré une « urgence de santé publique« , appelant à une action immédiate pour enrayer la propagation du virus. L’épidémie, autrefois circonscrite à l’Afrique de l’Ouest et centrale, s’est récemment propagée à des pays qui n’avaient jamais signalé de cas auparavant, comme le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda.
La dernière grande épidémie de Mpox, survenue en 2022, avait touché près de 90 000 personnes dans une centaine de pays, causant environ 140 décès. À l’époque, la souche clade 2b s’était propagée principalement parmi les hommes homosexuels et bisexuels. Bien que cette épidémie mondiale ait été maîtrisée, la nouvelle vague en Afrique, portée par une souche plus mortelle, rappelle l’importance d’une vigilance constante et d’une réponse rapide et coordonnée.
L’OMS et les autorités africaines appellent la communauté internationale à renforcer les efforts pour lutter contre cette épidémie. La déclaration d’une urgence de santé publique mondiale marque un tournant dans la lutte contre la Mpox, un virus qui, bien qu’historiquement localisé en Afrique, représente désormais une menace mondiale grandissante.
KMK