Trois jours après des déclarations tranchantes de son Premier ministre, Ousmane Sonko, à son encontre, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a brisé le silence pour rassurer l’opinion publique et désamorcer les tensions naissantes au sommet de l’État. En affirmant publiquement n’avoir « aucun problème avec Ousmane Sonko », le chef de l’État opte pour une posture de conciliation, à contre-courant des rumeurs d’un schisme politique au sein du pouvoir.
Le climat politique sénégalais s’est récemment tendu lorsque le Premier ministre, Ousmane Sonko, figure centrale du parti Pastef et mentor politique du président, a exprimé en des termes peu équivoques ses divergences avec le chef de l’État lors d’un discours largement médiatisé. S’en est suivie une vague de commentaires, d’analyses et de spéculations sur une possible rupture au sein de l’exécutif.
Face à cette agitation, Bassirou Diomaye Faye a tenu à clarifier sa position. Lors d’une allocution sobre mais ferme, il a déclaré :
« Je n’ai aucun problème avec Ousmane Sonko. Nous avons été portés ensemble par un projet commun, et nos échanges, même lorsqu’ils sont francs ou critiques, relèvent de la normalité démocratique. »
Ce message, bien que concis, a été interprété comme une tentative claire de rétablir l’unité apparente au sommet de l’État.
La relation entre Faye et Sonko est au cœur de la dynamique politique sénégalaise actuelle. Faye, souvent perçu comme le dauphin de Sonko, a été propulsé à la présidence après l’éviction de l’ancien pouvoir, incarnant un changement générationnel et une volonté de rupture. Ousmane Sonko, empêché de se présenter à l’élection présidentielle de 2024 pour des raisons judiciaires, avait alors soutenu la candidature de son allié, qui a su capitaliser sur la soif de renouvellement de la population.
Mais depuis l’accession au pouvoir de Faye, des divergences stratégiques sont apparues, notamment sur la manière de gérer les rapports avec les institutions, les partenaires internationaux et certains dossiers économiques sensibles. Sonko, fidèle à sa ligne radicale et parfois imprévisible, semble parfois en décalage avec la posture plus institutionnelle adoptée par Diomaye Faye.
Le président Faye, dans une position délicate, doit composer avec un Premier ministre charismatique, disposant d’un poids politique considérable et d’un fort soutien populaire, notamment parmi les jeunes et les militants de la première heure du Pastef. Cette cohabitation au sommet du pouvoir, bien qu’inédite, s’apparente à une épreuve de maturité pour les institutions sénégalaises.
En réaffirmant son attachement au dialogue et à la cohésion de l’équipe gouvernementale, Bassirou Diomaye Faye tente de consolider son autorité tout en évitant une fracture qui affaiblirait son mandat encore jeune. Son propos mesuré vise également à rassurer les partenaires étrangers et les acteurs économiques, attentifs à la stabilité du pays.
L’avenir dira si cet épisode n’était qu’un orage passager ou le début d’une recomposition plus profonde au sein du pouvoir. Pour l’heure, la volonté affichée par le président de jouer la carte de l’apaisement pourrait porter ses fruits, à condition que les lignes de communication restent ouvertes et que les ambitions personnelles n’empiètent pas sur l’intérêt général.
Alors que le Sénégal cherche à se reconstruire après plusieurs années de tensions politiques et sociales, l’entente entre Diomaye Faye et Ousmane Sonko demeure un pilier essentiel de la stabilité du pays. Reste à savoir si les deux hommes parviendront à concilier leurs différences dans la durée.
LA REDACTION