Alors que la guerre au Soudan continue de ravager le pays, la capitale Khartoum fait face à une crise humanitaire critique : la prolifération de cadavres non enterrés menace désormais la santé publique. Depuis que l’armée régulière a repris la majeure partie de la ville à la fin mars, les Forces de soutien rapide (FSR) maintiennent encore leur emprise sur certains quartiers à l’ouest et au sud. Malgré la poursuite des combats, de nombreux déplacés commencent à revenir dans leurs quartiers dévastés.
Dans la banlieue ouest de Khartoum, le quartier d’Ombda, coupé en deux par la ligne de front, illustre la gravité de la situation. La partie est du quartier, récemment récupérée par l’armée, est envahie par une odeur nauséabonde. « Les FSR ne nous permettaient pas d’enterrer nos morts. Les corps restaient dans la rue », témoigne Shabu Kafi, un habitant déplacé de Wadalbasheer. « La nuit, on récupérait discrètement les corps pour les enterrer dans nos maisons. On ne sait même pas si les maladies qu’on voit viennent des cadavres ou de la faim. »
Un autre habitant, Kafi Burgan, a été contraint d’inhumer des membres de sa famille dans son salon, faute de cour. « Les FSR nous battaient ou nous tuaient si nous essayions d’enterrer nos morts. Les corps pourrissaient. Personne ne peut imaginer l’odeur de la mort. Ça me ronge l’âme… »
Face à cette urgence, les volontaires du Croissant rouge, en collaboration avec l’armée, se mobilisent pour collecter les dépouilles abandonnées. Le directeur de l’organisation, Ossama Mustapha Souleyman, alerte sur l’urgence de la situation : « La saison des pluies commence dans deux mois. Or, à Khartoum, il n’y a pas d’eau courante. Les populations puisent leur eau dans le Nil ou des puits. Si les corps ne sont pas ramassés rapidement, des épidémies risquent d’éclater».
À ce jour, plusieurs milliers de corps ont déjà été récupérés et trois nouveaux cimetières ont été aménagés dans la périphérie de la capitale. Mais le défi reste immense dans une ville meurtrie par la guerre, la faim et le chaos.
LA REDACTION
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