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Soudan : Le choléra s’emballe à Khartoum, MSF alerte sur une urgence sanitaire majeure

Le Soudan est frappé de plein fouet par une recrudescence alarmante du choléra, avec plus de 1000 cas recensés chaque jour, selon les chiffres officiels relayés par Médecins Sans Frontières (MSF). L’organisation humanitaire, présente sur le terrain, décrit une situation sanitaire catastrophique, aggravée par la guerre civile qui sévit depuis plus de deux ans dans le pays.

À Khartoum, ville ravagée par les combats entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR) depuis avril 2023, le choléra se propage à une vitesse fulgurante. Les conditions de vie des habitants, déplacés de guerre ou retournés dans leurs quartiers détruits, rendent quasi impossible le contrôle de la maladie.

« La promiscuité, le manque d’eau, le manque d’hygiène, le manque d’accès aux soins, tout cela a contribué à augmenter l’ampleur du choléra et à compliquer la riposte contre l’épidémie », déplore Nicolas Jean, chef de mission de MSF au Soudan.

À l’origine de cette flambée de choléra : la consommation d’eau contaminée. Le conflit a détruit une grande partie des infrastructures de base, notamment le système d’adduction d’eau. Dans certains quartiers de Khartoum, les habitants n’ont d’autre choix que de puiser de l’eau directement dans le Nil, sans aucun traitement.

« Depuis que nous sommes revenus ici, pour trouver de l’eau potable, il n’y avait pas d’autre moyen que d’aller chercher de l’eau dans la rivière… Nous la laissons reposer un moment, puis nous la mettons dans des pots d’eau et nous la buvons », témoigne Khalil Gad Allah, un habitant revenu à Khartoum.

L’épidémie survient alors que plus de 80 % des hôpitaux du pays sont hors service, victimes des bombardements, pillages ou simplement de l’absence de personnel et de matériel. Cette fragilité rend presque impossible une riposte efficace contre le choléra.

Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre civile dévastatrice. Les affrontements entre l’armée et les FSR ont provoqué la mort d’au moins 24 000 personnes un chiffre probablement sous-estimé et déplacé plus de 14 millions d’individus. Parmi eux, plus de 4 millions ont fui vers les pays voisins, tandis que d’autres tentent de survivre dans des conditions extrêmes à l’intérieur du pays.

La situation humanitaire est d’autant plus dramatique que la famine a été officiellement déclarée dans au moins cinq régions, principalement dans le Darfour, déjà épicentre d’autres violences depuis plusieurs décennies.

Face à cette crise sanitaire et humanitaire sans précédent, MSF appelle la communauté internationale à intensifier son soutien. L’accès à l’eau potable, aux soins médicaux et à la nourriture doit devenir une priorité absolue.

Le Soudan, pris entre guerre et épidémie, est aujourd’hui au bord de l’effondrement. Sans une mobilisation massive, le nombre de morts dus au choléra et à la famine pourrait bientôt dépasser les bilans déjà tragiques du conflit armé.

LA REDACTION

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