Après sept jours d’une grève de la faim entamée en prison, Dr Asyongar Succès Masra, président du parti d’opposition Les Transformateurs, a mis fin à son jeûne de protestation ce lundi 30 juin 2025. Une décision profondément émotive et symbolique, motivée par une mobilisation sans précédent de militantes de son parti, les appels poignants de sa mère et les avertissements médicaux de son médecin personnel.
Incarcéré en lien avec les événements tragiques de Mandakao dans le Logone Occidental, Dr Masra avait choisi la grève de la faim comme ultime moyen de protester contre l’injustice politique, les violations des droits humains et les conditions de gouvernance au Tchad. Connu pour son engagement en faveur de la démocratie et de la justice sociale, le leader charismatique a voulu faire de son corps un vecteur de résistance.
Mais cette action, menée dans le silence d’une cellule, a résonné avec une puissance rare à l’extérieur des murs de la prison. À N’Djamena, un groupe de femmes militantes du parti Les Transformateurs, profondément bouleversées par la détérioration de l’état de santé de leur leader, ont organisé un rassemblement spontané devant le siège du parti.
Dans un geste aussi audacieux que symbolique, certaines se sont partiellement dévêtues, une expression de détresse extrême dans la culture tchadienne pour implorer Dr Masra de mettre fin à son jeûne. Par ce geste maternel et sacré, elles ont lancé un cri du cœur : sa vie vaut plus que tout, et la lutte doit se poursuivre avec lui en vie.
À cet appel s’est ajouté celui de la mère du Dr Masra, qui dans un message bouleversant, a supplié son fils d’arrêter sa grève de la faim pour rester vivant et continuer le combat qu’il incarne pour des milliers de jeunes Tchadiens. De son côté, son médecin personnel a émis une alerte grave : la poursuite du jeûne mettait en péril la vie du détenu, déjà affaibli physiquement et exposé à des risques médicaux majeurs.
Face à cette triple interpellation politique, maternelle et médicale, les avocats du Dr Masra ont annoncé officiellement la fin de la grève de la faim de leur client dans l’après-midi du lundi. Une décision empreinte d’humanité, mais aussi de stratégie : rester en vie pour porter la voix de ceux qui n’en ont pas.
Cet épisode marque un tournant fort dans la trajectoire politique de Dr Succès Masra. Il révèle à la fois la profondeur du lien qui unit le leader à sa base militante, et le rôle central que jouent les femmes dans la dynamique politique au Tchad, non seulement comme actrices de soutien, mais comme déclencheuses de prises de conscience puissantes.
Au-delà du drame humain, cette mobilisation relance avec force le débat sur l’état des libertés publiques au Tchad. Elle pose aussi une question urgente : jusqu’où faut-il aller pour être entendu dans un système politique verrouillé ? Et si le courage des femmes pouvait ouvrir la voie à un dialogue national réel, inclusif et porteur de changement durable ?
L’histoire de cette grève de la faim restera sans doute dans les mémoires comme un moment charnière où la politique a rejoint l’intime, où la résistance s’est nourrie d’amour, et où la voix des femmes a pesé plus fort que les murs d’une prison.
MBAILEDE TRESOR
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