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Tchad : Dr Succès Masra transféré à la maison d’arrêt de Klessoum pour une détention préventive

Le climat politique au Tchad se tend à nouveau avec le transfert officiel, ce mercredi 21 mai 2025, de Dr Succès Masra, président du parti d’opposition Les Transformateurs, à la maison d’arrêt de Klessoum, en périphérie de la capitale. Cette décision judiciaire intervient cinq jours après son arrestation controversée survenue le 16 mai.

L’interpellation de l’opposant, déjà largement médiatisée, continue de faire réagir tant au niveau national qu’international. Dr Masra avait été convoqué pour une audition devant le Procureur de la République avant d’être présenté à un juge d’instruction. Ce dernier a ordonné son placement en détention préventive à Klessoum, un centre pénitentiaire notoire pour ses conditions carcérales difficiles.

Lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi 21 mai par son collectif d’avocats au siège du parti dans le 7ᵉ arrondissement de N’Djamena, plusieurs éléments ont été portés à la connaissance du public. Les défenseurs de Dr Masra ont dénoncé une interpellation « politique », affirmant que leur client est visé pour un audio enregistré en mai 2023, dans lequel il appelait les citoyens à s’auto-armer contre des bandes qualifiées de terroristes.

Selon ses avocats, cet enregistrement remonte à une période antérieure à l’accord de Kinshasa signé avec le gouvernement tchadien la même année, accord qui avait permis le retour au pays des cadres du Parti Les Transformateurs, y compris Dr Masra, dans un cadre de réconciliation nationale. Ils insistent sur le fait que cet accord prévoyait une amnistie, notamment pour les faits liés aux événements du 20 octobre 2023.

Malgré cela, les charges retenues par le Procureur de la République sont lourdes : diffusion de messages de haine, complicité d’assassinat, incitation à la xénophobie, et appel à la révolte contre une ethnie.

Le collectif d’avocats considère que cette procédure judiciaire masque une manœuvre politique. « Même si certaines personnes se cachent derrière la procédure, l’État est tenu pour responsable », ont-ils déclaré. Interrogés sur leur confiance en la justice tchadienne, les avocats ont toutefois exprimé un optimisme prudent, estimant que le juge d’instruction pourrait « étudier le dossier au fond avec objectivité ».

De son côté, le parti Les Transformateurs, qui avait initialement qualifié l’arrestation de son leader d’« enlèvement », appelle désormais à une libération immédiate de Dr Masra et demande aux membres, sympathisants de rester calme mais sereins.  

Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, se dit préoccupée par ce qu’elles considèrent comme un recul inquiétant des libertés publiques au Tchad. Elles appellent à des garanties procédurales strictes et à un traitement équitable pour l’opposant.

La détention à Klessoum, établissement connu pour ses conditions de détention jugées dures par plusieurs ONG, soulève aussi des inquiétudes sur l’état de santé de Dr Masra.

Jusqu’à présent, aucune déclaration officielle n’a été faite par le gouvernement concernant les motifs exacts de la détention du leader de l’opposition. Ce silence alimente les spéculations et ne fait que renforcer les appels à plus de transparence judiciaire dans ce dossier politiquement sensible.

LA REDACTION

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