Tchad : Hommage à Ibni Oumar Mahamat Saleh, une figure emblématique de l’opposition tchadienne
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Tchad : Hommage à Ibni Oumar Mahamat Saleh, une figure emblématique de l’opposition tchadienne

3 février 2008, 3 février 2025, dix-sept ans se sont écoulés depuis la disparition d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, figure emblématique de l’opposition tchadienne et intellectuel respecté.

Le 3 février 2008, en pleine répression des mouvements rebelles menaçant le régime du président Idriss Déby Itno, Ibni Oumar est enlevé à son domicile par des militaires. Depuis ce jour, aucune information crédible sur son sort n’a été communiquée par les autorités tchadiennes. Son absence résonne comme une plaie béante dans la mémoire collective du Tchad et soulève des questions persistantes sur l’impunité et la justice dans le pays.

Malgré les appels incessants de sa famille, des organisations de défense des droits humains, ainsi que des universitaires et des leaders politiques à travers le monde, la justice tchadienne demeure silencieuse. Aucune enquête sérieuse n’a été menée à terme, aucun responsable n’a été inquiété. Ce mutisme judiciaire alimente les soupçons d’un crime d’État couvert au plus haut niveau.

En 2008, une commission d’enquête mise en place par le gouvernement tchadien avait promis de faire la lumière sur cette disparition. Mais son rapport final, largement censuré, n’a jamais apporté de réponses concrètes. Pire encore, les témoignages recueillis ont été classifiés, étouffant toute tentative d’émergence de la vérité.

Ibni Oumar Mahamat Saleh n’était pas seulement un opposant politique. Mathématicien de renom, professeur d’université, il incarnait l’espoir d’une opposition pacifique et d’un débat démocratique au Tchad. Sa rigueur intellectuelle et son engagement pour la transparence et la justice faisaient de lui une voix respectée, capable de fédérer au-delà des clivages politiques et ethniques.

Son absence laisse un vide immense. Pour beaucoup, il symbolise aujourd’hui le combat pour la vérité, la justice et la dignité humaine.

Chaque année, des commémorations ont lieu au Tchad et à l’international pour rappeler que la lumière n’a toujours pas été faite sur sa disparition. Des associations comme Amnesty International, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme

(FIDH) et d’autres continuent de faire pression sur les autorités tchadiennes et internationales.

Récemment, des parlementaires européens ont relancé des appels pour l’ouverture d’une enquête internationale indépendante. En France, où Ibni Oumar avait tissé des liens étroits avec le monde académique, des voix s’élèvent régulièrement pour demander des comptes, notamment en raison du soutien militaire historique de Paris à N’Djamena.

Le Tchad a connu des bouleversements politiques majeurs depuis la mort d’Idriss Déby en 2021. Son successeur, Mahamat Idriss Déby Itno, a promis des réformes, y compris sur la question des droits de l’homme. Pourtant, sur le dossier Ibni Oumar Mahamat Saleh, le silence reste assourdissant.

La disparition d’Ibni Oumar n’est pas seulement une tragédie personnelle pour sa famille ; elle est un symbole de l’opacité du pouvoir, du manque de transparence et de l’impunité persistante. Révéler la vérité sur son sort est un impératif moral, un devoir de mémoire, mais surtout un pas nécessaire vers la réconciliation nationale.

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