La consommation de whisky en sachet ou nguerek chez les jeunes devient de plus en plus inquiétante
Le « whisky en sachet », ou « nguerek », est devenu une boisson familière dans les quartiers populaires du Tchad. Fabriqué dans des conditions souvent inconnues, vendu à bas prix et sans contrôle sanitaire rigoureux, ce produit inonde les marchés, les ruelles et les zones périurbaines. Si sa consommation inquiète tout au long de l’année, elle connaît une nette recrudescence pendant la période de fraîcheur.
Le témoignage de Djek, un jeune du quartier Gassi dans le 7ᵉ arrondissement de N’Djaména, illustre cette tendance :
“Depuis que la fraîcheur a commencé, le nguerek est devenu ma tasse de café. À ce prix, je peux en acheter plusieurs par jour, et mes amis font pareil. Cela nous aide à tenir contre le froid et à passer le temps.” Comme Djek, nombreux sont les jeunes qui trouvent dans cette boisson un refuge économique et social.
Pourquoi une telle popularité ?
La consommation de whisky en sachet chez les jeunes est alimentée par plusieurs facteurs, il y’a de prime un prix attractif car vendu à moins de 100 francs CFA l’unité, il est accessible même aux plus modestes, la disponibilité joue un rôle majeur, les sachets sont sur presque tous les étals de rue, à proximité des quartiers résidentiels ou des lieux de rassemblement, il n’exige pas d’efforts particuliers pour se le procurer.
L’un des facteurs est le contexte économique et social, le chômage des jeunes, la pauvreté, et l’absence d’alternatives de loisirs poussent les jeunes à chercher des moyens peu coûteux de distraction et enfin l’effet de groupe : dans un environnement où les jeunes se retrouvent en bandes, partager du nguerek devient une forme de socialisation et un rite de passage.
Une menace sanitaire et sociale grandissante
Les effets de cette consommation ne sont pas sans conséquences, la santé prend un cout ; selon les spécialistes la toxicité des alcools frelatés, souvent mélangés à des produits chimiques nocifs, entraîne des maladies chroniques comme les ulcères, les atteintes hépatiques et rénales.
Nos hôpitaux aujourdhui sont remplis des jeunes consommateurs souffrent également d’addictions précoces et de troubles neurologiques.
La consommation de whisky frelaté en sachet pendant la période de fraîcheur n’est pas qu’une habitude anodine : elle reflète des problèmes sociaux et économiques profonds. Les autorités, la société civile, et les familles doivent conjuguer leurs efforts pour sensibiliser, encadrer et offrir des alternatives à une jeunesse en quête de repères. Faute d’actions concrètes, ce phénomène risque de creuser davantage les fractures sociales et de compromettre l’avenir d’une génération.
DARBAWA KAOKAMLA
Laisser un commentaire