Dans un contexte national marqué par une montée inquiétante des tensions et des violences, l’Ordre des Avocats du Tchad est sorti de sa réserve dans un communiqué officiel publié le 20 juin 2025, pour dénoncer avec fermeté les récents drames survenus dans plusieurs régions du pays. À travers une déclaration ferme et solennelle, le Barreau tire la sonnette d’alarme, déplorant une situation sécuritaire qu’il juge « préoccupante et dangereuse pour la stabilité de la nation ».
Le Barreau s’alarme particulièrement de la situation dans les localités de Molou (Ouaddaï), Oregomel (Mayo-Kebbi Ouest) et dans le Salamat, où l’assassinat du chef de canton de Dar Salim a provoqué une onde de choc, ravivant des tensions communautaires déjà explosives. Ces événements viennent s’ajouter à une série de violences passées, notamment celles de Mandakao, dont les cicatrices restent encore vives dans la mémoire collective.
L’Ordre qualifie ces actes de « meurtriers et injustifiables », et présente ses condoléances aux familles endeuillées. Il exige l’ouverture immédiate d’enquêtes impartiales, et appelle à ce que les auteurs, ainsi que tout complice, soient identifiés, poursuivis et traduits en justice conformément aux lois de la République.
Au-delà des violences, c’est le traitement sécuritaire des crises locales qui suscite la vive inquiétude de l’Ordre. Il cible nommément le ministre de la Sécurité publique, accusé d’avoir tenu des propos encourageant des pratiques extrajudiciaires, en contradiction avec les engagements internationaux du Tchad, notamment ceux relatifs à l’abolition de la peine de mort et au droit à un procès équitable.
L’Ordre souligne que ce type de discours jette un discrédit profond sur les institutions, alimente les dérives autoritaires et sape les fondements de l’État de droit. Le Barreau exprime aussi son inquiétude face à des menaces implicites proférées contre les organisations de défense des droits humains, pourtant essentielles à toute démocratie saine.
Dans un contexte de tension grandissante, l’Ordre des Avocats en appelle aux plus hautes autorités pour ramener leurs représentants à une posture de responsabilité et de respect des principes républicains. Il plaide pour des discours mesurés, conformes aux valeurs de justice et de dignité humaine.
Le Barreau invite également la société civile, les citoyens et les forces vives du pays à une mobilisation vigilante et pacifique contre toute dérive sécuritaire ou autoritaire. Pour lui, seule la primauté du droit et le respect scrupuleux des procédures judiciaires peuvent garantir la cohésion nationale et une paix durable.
Par cette sortie inhabituelle mais assumée, l’Ordre des Avocats du Tchad entend réaffirmer son rôle de vigie démocratique. Sa déclaration se présente à la fois comme un cri d’alarme, un appel à la justice, et une mise en garde face aux risques de glissement autoritaire. Dans un pays encore fragilisé par de multiples crises, la voix du Barreau vient rappeler que sans justice, il ne peut y avoir de paix ni d’unité véritable.
LA REDACTION
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