Le diabète est une maladie chronique de plus en plus répandue dans le monde, y compris au Tchad. Elle survient lorsque le corps ne produit pas assez d’insuline ou ne l’utilise pas correctement, ce qui entraîne une concentration excessive de sucre dans le sang. En l’absence de diagnostic et de traitement, cette affection peut provoquer des complications graves : troubles de la vision, insuffisance rénale, maladies cardiovasculaires, infections sévères des pieds pouvant mener à des amputations, voire la mort. Pourtant, au Tchad, le diabète reste méconnu, sous-diagnostiqué, et souvent mal soigné. Il tue en silence.
Une maladie invisible mais présente
Au Tchad, beaucoup de personnes vivent avec le diabète sans le savoir. Les premiers signes de la maladie, fatigue chronique, maux de tête fréquents, soif intense, perte de poids, douleurs dans les jambes sont souvent banalisés ou attribués à d’autres causes. Par manque d’information ou de moyens, les malades ne consultent pas de professionnels de santé. Résultat : la maladie évolue sans traitement, jusqu’à ce que des complications graves surviennent.
Selon certains spécialistes de la santé publique, le nombre réel de diabétiques est bien plus élevé que les statistiques officielles, car de nombreux cas ne sont jamais diagnostiqués. Ce manque de dépistage et de suivi constitue une véritable urgence sanitaire.
Un traitement hors de portée
Se soigner du diabète est un véritable défi pour les familles tchadiennes. Le coût des soins est élevé et mal remboursé, voire inexistant. L’achat régulier d’insuline, de médicaments, de bandelettes de test, et les consultations médicales représentent une charge financière écrasante pour la majorité des patients.
La situation est encore plus difficile dans les zones rurales, où les structures de santé sont rares, mal équipées, et souvent dépourvues de personnel formé au suivi du diabète. L’absence de suivi médical et de traitement adéquat entraîne des complications graves, souvent irréversibles.
Une urgence sanitaire négligée
Contrairement à d’autres maladies comme le paludisme ou la tuberculose, le diabète ne bénéficie pas encore d’une politique nationale structurée au Tchad. Aucun programme de dépistage systématique, pas de centres spécialisés, peu d’informations accessibles à la population. Le silence autour de cette maladie accentue son impact destructeur.
Pourtant, les conséquences économiques et sociales du diabète sont énormes : baisse de productivité, charges financières pour les familles, surcharge du système de santé avec des cas compliqués. Ignorer cette maladie coûte cher, en vies humaines et en ressources.
Des pistes de solutions
Face à cette situation préoccupante, plusieurs solutions sont proposées par des professionnels de santé, des associations de malades et des ONG :
- Organiser des dépistages gratuits : Installer des stands de tests dans les quartiers, les marchés, les écoles et les villages permettrait de détecter précocement les personnes atteintes.
- Réduire le coût des médicaments : L’État peut jouer un rôle crucial en subventionnant l’insuline, les médicaments antidiabétiques et le matériel de test. Les hôpitaux publics devraient aussi être équipés pour offrir ces soins à moindre coût.
- Mettre en place un programme national contre le diabète : Comme pour d’autres maladies prioritaires, il est urgent de créer une stratégie de lutte contre le diabète, avec des campagnes nationales, des statistiques fiables, des centres de prise en charge et des actions concrètes.
- Former les agents de santé : Les infirmiers, sage-femmes et agents de santé communautaire doivent être formés pour reconnaître les symptômes du diabète, conseiller les malades et assurer un suivi de base.
- Sensibiliser la population : Une campagne d’information massive doit être lancée pour expliquer ce qu’est le diabète, ses causes (alimentation déséquilibrée, manque d’exercice, hérédité…), ses signes d’alerte et les moyens de prévention. Les médias, les écoles, les leaders religieux peuvent être des relais puissants.
Le diabète est une maladie chronique, silencieuse mais mortelle, qui gagne du terrain au Tchad. Son ignorance, son coût élevé et l’absence de réponse coordonnée en font une menace pour la santé publique. Il est temps d’agir. Avec des efforts conjoints gouvernement, professionnels de santé, société civile ; il est possible de freiner sa progression, améliorer la vie des malades, et sauver des vies. Parce que le silence autour du diabète ne doit plus tuer.
DARBAWA KAOKAMLA
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