Le Président de la République du Tchad, le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, a tenu des propos particulièrement fermes et sans équivoque à l’égard de la gestion passée de la Société Nationale d’Électricité (SNE). À travers un discours aussi direct que révélateur, le Chef de l’État a mis en lumière les dérives dans la gestion des ressources publiques, pointant du doigt une mauvaise gouvernance persistante au sein de l’ex-SNE malgré les investissements massifs consentis par l’État.
« L’État a mis à la disposition de la SNE des milliards », a déclaré le Président, soulignant l’ampleur des efforts budgétaires déployés pour redresser le secteur énergétique national. Selon lui, si ces fonds avaient été convenablement gérés, la capitale N’Djamena aurait pu atteindre le statut de “ville lumière”, avec une électricité stable, accessible et continue pour les citoyens et les entreprises.
Cette déclaration intervient dans un contexte où la population tchadienne continue de subir les conséquences d’un service électrique erratique, marqué par des délestages fréquents, une faible couverture et une infrastructure obsolète. Pour le Maréchal, cette situation n’est pas uniquement le fruit de contraintes techniques, mais bien celui d’un profond dysfonctionnement organisationnel et de pratiques de gestion douteuses.
Dans une envolée particulièrement marquante, Mahamat Idriss Deby a affirmé : “Si l’on remonte dans le passé, beaucoup de personnes qui se sont enrichies sur le dos de l’État devraient être arrêtées”. Cette phrase, lourde de sens, met en cause les responsables anciens et actuels qui auraient profité des failles du système pour détourner ou mal utiliser les fonds publics.
Le Président pointe ainsi la responsabilité directe de certains gestionnaires dans la faillite de l’ex-SNE, en les accusant implicitement d’avoir contribué à l’affaiblissement de l’État par la corruption et le népotisme. Ce rappel à l’ordre pourrait augurer d’une volonté politique de mener une opération de reddition des comptes ou de relance institutionnelle au sein des sociétés publiques.
L’énergie demeure un pilier stratégique pour le développement du Tchad. Sans électricité fiable, les secteurs clés tels que la santé, l’éducation, l’industrie et les services ne peuvent fonctionner efficacement. C’est dans cette optique que l’État a multiplié ces dernières années les investissements dans le secteur, notamment avec l’aide de partenaires techniques et financiers.
Cependant, le retour sur investissement reste largement en deçà des attentes. Le Président Deby semble donc vouloir rompre avec un cycle de malversations qui entrave le progrès du pays.
Les propos du Chef de l’État peuvent être interprétés comme un appel à une réforme en profondeur des sociétés d’État, en particulier dans les domaines stratégiques comme l’électricité, l’eau et les télécommunications. Ils pourraient également présager la mise en œuvre de mécanismes plus stricts de transparence, d’audit et de sanctions.
Reste à voir si ces paroles se traduiront par des actions concrètes : enquêtes judiciaires, audits indépendants, poursuites contre les anciens gestionnaires ou réorganisation des structures de gouvernance. La population tchadienne, excédée par les pénuries d’électricité et les scandales à répétition, attend des mesures fortes.
En s’attaquant frontalement à la mauvaise gestion et à la corruption qui gangrènent l’ex-SNE, le Président Mahamat Idriss Deby Itno envoie un message fort : l’ère de l’impunité doit prendre fin. L’énergie, levier de transformation socio-économique, ne peut plus être sacrifiée sur l’autel de la gabegie et des intérêts personnels. Pour que N’Djamena devienne réellement une “ville lumière”, c’est toute une culture de responsabilité et de redevabilité qu’il faudra instaurer et faire respecter.
LA REDACTION