Tchad : Le pool d’avocats français de Succès Masra interpelle le Président français Emmanuel
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Tchad : Le pool d’avocats français de Succès Masra interpelle le Président français Emmanuel

En détention préventive depuis près de deux mois, l’ancien Premier ministre tchadien, Succès Masra, est accusé d’avoir organisé le massacre de 42 éleveurs à Mandakao le 14 mai dernier. Son équipe d’avocats, composée de juristes tchadiens et français, dénonce une machination politique et interpelle le président Emmanuel Macron.

Succès Masra, figure emblématique de l’opposition tchadienne devenu Premier ministre après l’accord de réconciliation nationale de 2023, est actuellement incarcéré à la Coordination de la Police Judiciaire, à N’Djamena. Le 14 mai 2025, une attaque meurtrière a coûté la vie à 42 éleveurs dans la région de Mandakao, dans l’est du pays. Les autorités ont rapidement pointé du doigt une prétendue implication de Masra, évoquant un « complot organisé au plus haut niveau » contre la sécurité de l’État.

Une version que l’intéressé rejette catégoriquement depuis le début de la procédure. Pour son pool d’avocats, les accusations sont non seulement infondées, mais relèvent d’une tentative manifeste de l’écarter définitivement de la scène politique.

Face à ce qu’ils qualifient de « procès politique », les avocats de Masra parmi lesquels figurent plusieurs ténors du barreau de Paris et de N’Djamena ont officiellement interpellé ce 6 juillet le président français Emmanuel Macron. Dans une lettre ouverte transmise à l’Élysée et relayée par plusieurs médias, ils appellent le chef de l’État à « user de son influence diplomatique pour garantir à M. Masra un procès équitable et une libération immédiate dans l’attente de son jugement ».

« Le silence de la France sur ce dossier serait interprété comme une caution tacite à la répression de l’opposition démocratique au Tchad, dans un contexte où la France conserve une influence historique et militaire majeure », peut-on lire dans le courrier.

Cette affaire survient dans un climat politique déjà sous haute tension. Depuis l’élection présidentielle de mai 2024, remportée par le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno dans un scrutin contesté, le climat politique tchadien reste instable. Masra, ancien candidat recalé, avait appelé à l’apaisement mais n’avait jamais caché ses ambitions de poursuivre la lutte.

Sa détention est vue par plusieurs observateurs comme une manœuvre pour neutraliser une opposition crédible, à l’approche d’échéances électorales et de remaniements majeurs dans les forces de sécurité.

Des ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch ont déjà exprimé leurs préoccupations quant aux conditions de détention de l’ancien Premier ministre et aux manquements signalés dans la procédure judiciaire.

Pour Paris, cette situation met en lumière l’ambiguïté de ses relations avec N’Djamena. Tout en maintenant une coopération sécuritaire étroite avec le pouvoir de Déby, la France est sommée de se positionner clairement sur une affaire qui pourrait entacher son image de soutien aux droits de l’homme en Afrique.

Jusqu’à présent, l’Élysée n’a pas officiellement réagi à la demande du pool d’avocats, ni aux appels des ONG. Mais selon des sources diplomatiques, une « surveillance attentive » du dossier serait en cours.

En attendant, la mobilisation autour de cette détention pourrait peser sur les équilibres politiques du pays et sur les relations franco-tchadiennes dans les mois à venir. Le cas de Succès Masra, à la croisée du droit et de la politique, s’annonce déjà comme un test majeur pour la justice tchadienne et la diplomatie française.

LA REDACTION

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