Le 8 juillet 2025 marque un tournant judiciaire majeur au Tchad avec le verdict tant attendu dans l’affaire impliquant le journaliste Monodji Olivier et six autres co-accusés. Le tribunal a déclaré les prévenus non coupables des accusations portées contre eux et a ordonné leur relaxe au bénéfice du doute.
Inculpés pour “intelligence avec des agents d’une puissance étrangère”, Monodji Olivier, directeur de publication du journal Le Pays et six autres personnes étaient poursuivis par le ministère public en raison de leur rencontre entre août et septembre 2024 avec deux ressortissants russes que le parquet avait identifiés comme étant liés au groupe paramilitaire Wagner.
Ces interactions, tenues à N’Djaména, ont été interprétées par l’accusation comme des actes de collusion potentiellement dangereux pour la sécurité nationale. L’affaire, hautement médiatisée, a rapidement divisé l’opinion publique, entre ceux dénonçant une instrumentalisation politique de la justice et d’autres alertant sur les menaces sécuritaires que représentent certaines collaborations étrangères.
Parmi les sept prévenus figuraient, outre Monodji Olivier, l’économiste Ndilyam Nguekidata, collaborateur occasionnel du journal Le Pays, Mahamat Saleh Alhissein, journaliste arabophone de l’Office national des médias audiovisuels (ONAMA), et Mahamat Madani, un agent immobilier. Tous avaient été arrêtés le 10 mars 2025 et détenus à la maison d’arrêt de Klessoum pendant près de quatre mois.
Leur détention préventive prolongée avait suscité de nombreuses réactions, tant au sein de la société civile que chez des organisations internationales de défense de la liberté de la presse.
Dans sa décision du 8 juillet, le tribunal a conclu à l’insuffisance de preuves. Il a ainsi relaxé les sept accusés au bénéfice du doute, soulignant que les éléments fournis par le parquet ne permettaient pas d’établir avec certitude l’intention de nuire ou une activité délictueuse.
En outre, le tribunal a ordonné la restitution immédiate des effets personnels saisis lors de l’enquête, notamment ordinateurs et téléphones portables, appartenant aux accusés.
Pour les avocats de la défense, ce verdict marque une victoire du droit et une preuve de l’indépendance de la justice tchadienne, même dans un contexte politique sensible.
Cependant, certaines voix appellent à la prudence. L’accusation pourrait faire appel, même si pour l’heure aucune déclaration officielle n’a été faite par le ministère public.
Cette affaire, bien au-delà de ses enjeux judiciaires, soulève des questions fondamentales sur la liberté de la presse, la protection des sources, et la criminalisation du travail journalistique au Tchad.
Dans un pays où les journalistes sont souvent confrontés à des pressions politiques, le cas de Monodji Olivier et de ses co-accusés restera comme un symbole de la lutte pour un espace médiatique libre et indépendant.
Alors que les sept hommes retrouvent la liberté, le pays reste suspendu à l’évolution de cette affaire, et plus largement à l’attitude des autorités face aux questions de liberté d’expression et de sécurité nationale. Pour l’instant, c’est un souffle de soulagement qui parcourt les rangs de la presse et des défenseurs des droits humains.
LA REDACTION