Tchad : Les employés des sous-traitants pétroliers de Komé 5 tirent la sonnette d’alarme face aux abus persistants
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Tchad : Les employés des sous-traitants pétroliers de Komé 5 tirent la sonnette d’alarme face aux abus persistants

À la Bourse de Travail de N’Djamena, les voix des travailleurs tchadiens résonnent plus que jamais. Ce samedi 26 juillet 2025, les délégués du personnel des entreprises sous-traitantes opérant sur le site pétrolier stratégique de Komé 5 ont tenu un point de presse crucial pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « violations systématiques et persistantes » de leurs droits. Par la voix de leur porte-parole, Kadjimbai Patrice, ils ont exprimé un profond ras-le-bol face à l’inaction de plusieurs entreprises et la passivité inquiétante des autorités compétentes.

Au cœur de la crise, se trouve la Convention Collective Type du secteur pétrolier, un texte législatif approuvé le 25 novembre 2024, censé garantir des conditions de travail décentes aux employés du secteur. Fruit des travaux du Comité Permanent de Suivi et d’Évaluation des Conditions de Travail, ce document a été mis en place par un arrêté conjoint du gouvernement, du Syndicat National du Secteur Pétrolier du Tchad (PETROSYNAT) et des représentants des sous-traitants le 5 janvier 2024.

Au-delà du non-respect de la convention, les représentants syndicaux dénoncent des pratiques répressives de plus en plus inquiétantes : entrave à l’activité syndicale, rejet du dialogue social, menaces, pressions… et jusqu’à la présence de forces militaires à l’entrée du site pétrolier de Komé 5. « Les travailleurs sont intimidés, empêchés de se réunir. C’est une atteinte grave à la Constitution tchadienne et aux conventions internationales ratifiées par le pays », alerte le syndicat.

Un préavis de grève avait pourtant été lancé dès le 26 avril 2025, suivi d’une tentative de médiation le 22 mai, mais celle-ci est restée sans suite concrète. La frustration monte, et le risque d’une confrontation sociale majeure devient de plus en plus palpable.

Face à cette impasse, le syndicat ne s’adresse plus seulement aux employeurs, mais interpelle directement les plus hautes autorités de l’État tchadien :

  • Le Président de la République, Mahamat Idriss Déby Itno
  • Le Premier Ministre, Ambassadeur Allah Maye Halina
  • Le Président du Sénat, Haroun Kabadi
  • Le Président de l’Assemblée nationale, Ali Kolotou Tchaimi
  • La Ministre du Pétrole, Ndolendji Alise Naimbaye
  • Le Ministre de la Fonction publique, Abdoulaye Mbodou Mbami
  • Le Ministre de la Justice, Yousouf Tom
  • Le Président du Conseil d’administration de TPC, Ahmat Khazali Acyl

Leur message est sans équivoque : intervenir immédiatement pour faire appliquer la convention dans toutes les entreprises sous-traitantes opérant sur le territoire.

Selon les chiffres évoqués par Kadjimbai Patrice, 95% du travail sur les sites pétroliers est effectué par des employés des sous-traitants. Pourtant, ce sont ces mêmes travailleurs qui demeurent les plus précaires, les plus invisibles, les plus ignorés. « Ce point de presse est un cri d’alarme, mais aussi un ultime avertissement », a prévenu le syndicaliste.

La colère gronde à Komé 5. Si aucune réponse claire n’est donnée dans les prochains jours, le recours à la grève générale et à d’autres formes de mobilisation légales semble inévitable.

Cette affaire met à l’épreuve la capacité de l’État tchadien à faire respecter ses lois et à garantir la justice sociale. Alors que le pays cherche à séduire les investisseurs étrangers dans le secteur énergétique, le traitement réservé aux travailleurs nationaux pourrait devenir un enjeu central de sa crédibilité.

Respecter les droits fondamentaux des employés n’est pas une option : c’est une obligation légale, morale et stratégique. Le silence, désormais, serait synonyme de complicité.

LA REDACTION

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