À la veille du congrès réunissant les deux chambres du Parlement tchadien pour entériner une révision de la Constitution, le chef de l’opposition démocratique, le sénateur Pahimi Padacké Albert, a lancé un appel solennel à ses collègues parlementaires. Dans une déclaration ferme partagée sur sa page Facebook officielle ce jeudi 2 octobre 2025, il met en garde contre ce qu’il qualifie de « confiscation de la souveraineté du peuple » et de « verrouillage institutionnel » menaçant l’avenir de la République.
Dès l’ouverture de son adresse, Pahimi Padacké Albert a rappelé que son camp n’était pas dans une opposition systématique, mais dans une opposition « responsable, exigeante et inflexible sur les valeurs ». Selon lui, le vote prévu au Congrès engage l’avenir du pays :
« Demain, nous serons appelés à trancher en âme et conscience : sauver la République ou la piétiner. »
L’opposant met en cause la compétence même du Parlement pour réviser profondément la Constitution, une prérogative qu’il estime réservée au peuple via référendum, conformément à l’article 282. Il dénonce un « congrès d’un parlement incompétent » et accuse la majorité de vouloir aligner la Constitution « sur le règlement intérieur d’un parti politique ».
Pour lui, la réforme n’est rien d’autre qu’une « honte nationale » et une tentative de soumettre la loi fondamentale aux intérêts partisans du Mouvement Patriotique du Salut (MPS).
Au-delà du débat institutionnel, Pahimi Padacké Albert met en garde le chef de l’État contre ce qu’il considère comme un piège politique. La suppression de l’article 77 sur les incompatibilités ne saurait, selon lui, effacer le serment présidentiel déjà prêté en janvier 2025.
« Le serment n’est pas révisable, il court sur toute la durée du mandat », insiste-t-il, suggérant au président de démissionner de la présidence du MPS afin de rester conforme à son engagement constitutionnel.
Le sénateur dénonce une dérive autoritaire et un projet de verrouillage institutionnel qui viserait à mettre fin à la séparation des pouvoirs. Il évoque un Parlement et un pouvoir judiciaire réduits au silence, un exécutif renforcé, et un président désormais « arbitre et joueur à la fois ».
Il alerte également sur la récente possibilité de déchéance de nationalité, qu’il considère comme une atteinte grave et sans précédent aux droits fondamentaux des citoyens tchadiens.
Face à ce qu’il décrit comme une « messe de requiem pour la République », Pahimi Padacké Albert exhorte les élus à refuser d’accompagner le pouvoir dans ce qu’il perçoit comme une dérive.
« Nous avons le choix d’écouter notre ventre ou notre tête. Nous vous appelons à lever les yeux vers l’intérêt général, celui du peuple. »
Clôturant son intervention, le chef du RNDT-Le Réveil affirme que l’opposition démocratique ne servira pas de « marchepied » à la mise en place d’un pouvoir absolu et illimité. Tout en reconnaissant la peur qui traverse la classe politique, il assure que son camp agit par sens de responsabilité, au nom de la justice, de la liberté et de la démocratie.
« Ce peuple est peut-être vaincu, mais pas convaincu. Il se réveillera un jour », conclut-il.
La Rédaction
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