Tchad : l’Union européenne suspend 20 millions d’euros de financements environnementaux après la rupture avec African Parks Network
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Tchad : l’Union européenne suspend 20 millions d’euros de financements environnementaux après la rupture avec African Parks Network

L’Union européenne (UE) a annoncé, ce mardi 13 octobre 2025, la suspension partielle de ses financements environnementaux au Tchad, pour un montant estimé à près de 20 millions d’euros (soit environ 13 milliards de FCFA). Cette décision fait suite à la rupture du partenariat entre le gouvernement tchadien et l’organisation non gouvernementale African Parks Network (APN), jusque-là chargée de la gestion de plusieurs aires protégées dans le pays.

Selon un communiqué de la Commission européenne, cette suspension concerne « une partie substantielle des programmes liés à la conservation de la biodiversité et à la gestion durable des ressources naturelles ». Bruxelles évoque un « non-respect des clauses contractuelles », estimant que la fin abrupte du partenariat avec African Parks remet en cause la gouvernance et la continuité des projets financés.

Dans une lettre adressée au ministre tchadien de l’Environnement, Hassan Bakhit Djamous, l’ambassadeur de l’UE à N’Djamena, Przemyslaw Bobak, a rappelé que cette décision « enfreint les obligations » prévues dans les accords de financement. Les conventions concernées portent notamment sur la gestion du Grand Écosystème Fonctionnel de Zakouma et de la Réserve naturelle et culturelle de l’Ennedi, deux sites emblématiques de la conservation au Tchad.

Présente dans une vingtaine de pays africains, African Parks Network gérait, en partenariat avec l’État tchadien, plusieurs parcs nationaux, dont Zakouma, souvent cité comme modèle de restauration écologique en Afrique centrale.
Sa mise à l’écart par les autorités tchadiennes, en septembre dernier, a suscité de vives inquiétudes parmi les bailleurs internationaux, notamment l’Union européenne, la Banque mondiale et d’autres partenaires techniques et financiers.

L’UE a suspendu les programmes NaturA Tchad I, II et III, qui bénéficiaient d’un appui européen de 20 millions d’euros. L’ambassadeur Bobak a, par ailleurs, exhorté le gouvernement à garantir la sécurité des sites protégés et la bonne utilisation des fonds déjà engagés.

Le gouvernement tchadien ne s’est pas encore officiellement exprimé sur la décision de Bruxelles. Une source au ministère de l’Environnement a toutefois indiqué que « le Tchad entend assumer pleinement la gestion de ses ressources naturelles, dans le respect de sa souveraineté ».

Cette posture s’inscrit dans une volonté affirmée par le gouvernement de reprendre la main sur la gouvernance environnementale nationale, un domaine longtemps appuyé par les partenaires extérieurs.

Dans son avertissement, la délégation de l’Union européenne à N’Djamena met en garde contre un affaiblissement de la confiance des bailleurs de fonds si les garanties demandées ne sont pas fournies rapidement.
« Le non-respect des engagements pris pourrait conduire à un durcissement des conditions d’aide et d’investissement », prévient le communiqué européen.

Les observateurs redoutent que cette suspension ralentisse plusieurs programmes communautaires liés à la conservation et au développement local, jusque-là soutenus par l’UE et ses partenaires.

Pour de nombreux analystes, cette décision traduit la volonté de Bruxelles de lier plus étroitement ses financements à la transparence et à la bonne gouvernance environnementale.

En attendant d’éventuelles clarifications de la part du gouvernement tchadien, les projets en cours sont suspendus ou en cours de réévaluation, dans l’attente d’une issue diplomatique susceptible de rétablir la confiance entre l’Union européenne et le Tchad.

La Rédaction

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