Dans une déclaration aussi provocante que symbolique, Mokembaye Joel, tradipraticien bien connu au Tchad et promoteur du centre de santé Gueldanga pour la sainte, a interpellé ce vendredi 4 juillet 2025, les plus hautes autorités du pays et l’Ordre des médecins du Tchad. C’est lors d’une conférence de presse tenue au sein de son centre qu’il a lancé un appel retentissant, mêlant défi, revendication et plaidoyer pour les savoirs ancestraux.
S’adressant directement au Président de la République Mahamat Idriss Déby Itno, au Premier ministre Allamaye Halina, ainsi qu’au gouvernement dans son ensemble, Mokembaye Joel sollicite la permission de soigner gratuitement, pendant deux jours, des malades à l’Hôpital central de N’Djamena. Son objectif : démontrer l’efficacité des traitements traditionnels sur des pathologies graves, notamment le VIH/Sida.
Il ne s’agit pas pour lui d’une simple demande : il lance un défi ouvert à la médecine moderne, assurant pouvoir guérir certains patients sans aucun appui pharmaceutique conventionnel. Il va plus loin en s’engageant publiquement à accepter toute forme de sanction en cas d’échec.
Faute de réponse favorable, Mokembaye Joel affirme qu’il reprendra ses consultations dans la rue, une pratique qu’il dit avoir abandonnée par respect pour les règles sanitaires et la quête de reconnaissance. Cette déclaration a mis en lumière les tensions persistantes entre les tradipraticiens et les autorités sanitaires du pays.
Au-delà de la provocation, le discours de Mokembaye Joel est porteur d’un message plus profond : la nécessité d’intégrer les médecines traditionnelles dans le système national de santé. Il plaide pour une collaboration structurée entre médecine moderne et savoirs traditionnels, rappelant que de nombreux Tchadiens continuent de faire confiance aux traitements ancestraux, souvent faute de moyens ou par conviction culturelle.
« Ce n’est pas une guerre contre les médecins, c’est un appel à l’unité des savoirs pour le bien des malades », a-t-il déclaré avec gravité.
La sortie médiatique de Mokembaye Joel suscite déjà de vives réactions dans les milieux médicaux. Certains dénoncent un discours populiste et dangereux, surtout face à des maladies aussi graves que le VIH/Sida. D’autres y voient une opportunité d’ouvrir enfin un débat longtemps évité sur le statut des tradipraticiens au Tchad.
En attendant, les regards sont tournés vers le gouvernement et l’Ordre des médecins : accepteront-ils le défi, ou préféreront-ils l’ignorer, au risque d’accentuer la fracture entre les deux approches médicales ?
Ghislain Djéngombé
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