La Coordination des Actions Citoyennes Wakit Tamma a publié ce lundi 25 août 2025 un communiqué dans lequel elle interpelle les autorités tchadiennes sur la gestion du secteur pétrolier. Signé par ses porte-paroles, Max Loalngar et Soumaine Adoum, le texte dénonce l’opacité persistante dans l’exploitation des hydrocarbures et l’absence de retombées concrètes pour les citoyens, plus de vingt ans après le début de la production.
Selon Wakit Tamma, le prix du carburant au Tchad a fortement augmenté depuis la mise en production, passant d’environ 300 FCFA/litre à des niveaux nettement plus élevés aujourd’hui, au détriment des ménages et des petites entreprises. Le mouvement citoyen souligne le paradoxe d’un pays producteur disposant d’une raffinerie à Djermaya, mais où les consommateurs paient plus cher que dans plusieurs autres pays producteurs.
À titre comparatif, le litre d’essence coûte environ 0,9 USD aux États-Unis, entre 1,6 et 1,8 USD en Europe, malgré une fiscalité élevée, et souvent moins de 500 FCFA dans d’autres pays africains producteurs. Wakit Tamma dénonce également le gaspillage des volumes de gaz torchés à Komé et les subventions accordées à certains circuits d’exportation privilégiés.
Le communiqué relève une forte mainmise de la Présidence de la République et de certains milieux politiques sur les organes de gestion du secteur (SHT, SONAMIC, raffinerie de Djermaya). Cette concentration du pouvoir réduirait l’indépendance des instances décisionnelles et limiterait les contre-pouvoirs institutionnels.
Le Tchad, membre de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), s’était engagé à publier régulièrement des données sur la production et les revenus pétroliers. Mais, selon Wakit Tamma, la connexion entre les recettes issues du pétrole et le Trésor public demeure opaque. Les rapports ITIE soulignent régulièrement un déficit de traçabilité des flux financiers, ce qui prive les citoyens d’informations fiables sur l’usage des milliards générés chaque année.
Au-delà des revenus, la gestion du pétrole génère des déséquilibres financiers, explique le communiqué. Les déficits liés aux charges d’exploitation ou aux subventions sont compensés par des avances du Trésor public, au détriment de secteurs essentiels comme l’éducation, la santé et les infrastructures. Ces transferts, rarement expliqués, fragiliseraient la soutenabilité budgétaire et accentueraient la dépendance à l’endettement.
La coordination appelle le gouvernement à :
- Publier trimestriellement les revenus pétroliers, les prix de vente et les déficits éventuels,
- Revoir la composition des conseils d’administration pour y intégrer des acteurs indépendants,
- Adapter le prix du carburant au statut de pays producteur,
- Mettre fin au torchage du gaz à Komé et investir dans des solutions de valorisation au profit des ménages et des industries locales.
« Le pétrole est une richesse nationale. Il doit financer l’éducation, la santé, les infrastructures et non alimenter l’opacité et la spéculation », conclut le communiqué, réaffirmant le droit des citoyens tchadiens à l’information et à une gestion transparente des ressources.
La Rédaction
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