Après six longues années de captivité dans les redoutées zones minières du massif du Tibesti, au nord du Tchad, deux jeunes hommes, Dorembaye Franklin et Ndebguedebaye Benjamin, ont enfin retrouvé la liberté. Leur libération marque la fin d’un calvaire silencieux vécu au cœur d’un système d’exploitation humaine lié à l’orpaillage clandestin, qui sévit dans cette région enclavée et instable.
Enlevés et réduits à l’état d’esclaves dans les mines d’or artisanales de la région, les deux ex-otages ont été contraints pendant plusieurs années à travailler sans relâche dans des conditions inhumaines, au profit de groupes criminels opérant en toute impunité. Isolés du monde extérieur, privés de liberté, exposés à des dangers extrêmes et à des violences constantes, ils ont survécu à un véritable enfer, symbole d’une réalité que peu de voix osent dénoncer dans cette zone hors de contrôle.
La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), qui a œuvré dans l’ombre avec des partenaires locaux et internationaux pour obtenir leur libération, a officiellement remis les deux survivants à leurs familles lors d’une cérémonie organisée ce mardi 13 mai 2025. L’événement, empreint d’émotion, a mis en lumière la souffrance de centaines, voire de milliers d’autres travailleurs invisibles piégés dans l’exploitation aurifère du Tibesti.
« C’est un moment de soulagement et de tristesse mêlés », a déclaré le président de la CNDH, rappelant que le cas de Franklin et Benjamin n’est que la face visible d’un iceberg bien plus vaste et profondément enraciné.
La libération de ces deux jeunes hommes relance le débat sur les conditions de vie dans les zones minières du Tibesti, territoire difficile d’accès, où l’absence d’État de droit favorise l’essor de réseaux de traite d’êtres humains, de banditisme armé et d’exploitation sauvage des ressources naturelles. Les autorités tchadiennes sont appelées à prendre des mesures urgentes pour sécuriser la région, réglementer l’orpaillage et surtout identifier et secourir d’autres victimes d’esclavage moderne.
Des voix s’élèvent déjà pour réclamer une enquête nationale sur le trafic humain dans les zones aurifères du pays, ainsi qu’une politique plus rigoureuse pour protéger les jeunes vulnérables contre les promesses illusoires du « mirage doré » du nord tchadien.
Pour Dorembaye Franklin et Ndebguedebaye Benjamin, la liberté retrouvée est le début d’un long processus de reconstruction psychologique et sociale. Mais leur histoire donne aussi un visage humain à une tragédie souvent réduite à des statistiques. Leur témoignage pourrait jouer un rôle crucial dans la sensibilisation de l’opinion publique et des décideurs face à l’urgence d’agir contre l’esclavage moderne en Afrique centrale.
LA REDACTION