Le 23 mai 2025 marque le premier anniversaire de l’investiture du Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno en tant que président de la République du Tchad, à la suite de sa victoire à l’élection présidentielle de 2024. Élu démocratiquement après une période de transition militaire amorcée en avril 2021, cette première année de mandat a été marquée par des défis complexes, des réformes ambitieuses et des tensions persistantes. Que faut-il retenir de cette première année de gouvernance ?
Après avoir succédé à son père à la tête d’un Conseil militaire de transition en 2021, Mahamat Idriss Déby Itno a franchi une étape importante en obtenant un mandat électif en 2024. Son investiture a marqué la fin officielle de la transition, avec l’installation des nouvelles institutions prévues par la Constitution révisée. Le président s’est employé à légitimer son pouvoir par des gestes d’ouverture politique, bien que certains observateurs dénoncent un contrôle toujours centralisé du pouvoir.
Parmi les principales actions du président durant sa première année figure la poursuite de la réforme de l’appareil étatique. Un accent particulier a été mis sur :
- La lutte contre la corruption, avec la création de l’Autorité Indépendante de Lutte contre la Corruption (AILC) dotée de moyens juridiques renforcés.
- La réforme de l’administration publique, visant à professionnaliser la fonction publique et à digitaliser certains services.
- La décentralisation, amorcée par des consultations régionales et un début de transfert de compétences vers les collectivités locales.
Le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno a dû faire face à des défis sécuritaires persistants, notamment dans le bassin du lac Tchad, où Boko Haram reste actif, ainsi qu’au Tibesti, zone traditionnellement instable. Il a renforcé les alliances régionales et internationales, tout en poursuivant la réforme de l’armée pour améliorer son efficacité. Le maintien d’un discours martial et l’engagement sur plusieurs fronts laissent entrevoir une volonté de contrôle fort de la sécurité nationale.
Sur le plan économique, la première année du mandat a été marquée par :
- Un effort de diversification économique, notamment dans l’agriculture, les énergies renouvelables et les infrastructures.
- La signature d’accords de partenariat avec des bailleurs internationaux, notamment pour des projets routiers et énergétiques.
- Un contexte difficile, aggravé par l’inflation mondiale et les effets du changement climatique, qui ont freiné certaines ambitions.
Malgré des annonces ambitieuses, les retombées concrètes tardent à se faire sentir pour une majorité de la population vivant sous le seuil de pauvreté.
Si des signes d’ouverture ont été observés avec la libération de certains prisonniers politiques et l’organisation de forums de dialogue, plusieurs voix dénoncent une restriction persistante de l’espace civique :
- Des manifestations interdites ou réprimées.
- Des journalistes et militants arrêtés ou intimidés.
- Une loi controversée sur la régulation des réseaux sociaux.
Cette gestion ambivalente des libertés publiques alimente les critiques d’une gouvernance encore marquée par les réflexes autoritaires du régime précédent.
Un an après son investiture, le président Mahamat Idriss Déby Itno s’efforce de donner une légitimité démocratique à son pouvoir, avec une volonté affichée de réforme. Toutefois, la lenteur de certaines transformations, les tensions politiques sous-jacentes les défis socio-économiques majeurs, les conflits intercommunautaires, laissent planer le doute sur la capacité du régime à répondre pleinement aux aspirations du peuple tchadien.
L’année 2025 s’annonce donc décisive pour asseoir un leadership plus inclusif, rassurer la population et redonner espoir à une jeunesse en quête de perspectives concrètes.
MBAILEDE TRESOR