Le décès d’Alain Christophe Traoré, plus connu sous le pseudonyme d’Alino Faso, activiste et influenceur burkinabè, a été officiellement confirmé le dimanche 27 juillet 2025 par le procureur de la République de Côte d’Ivoire. Le corps sans vie de l’homme de 44 ans a été découvert le jeudi 24 juillet au matin, dans sa cellule de détention située au sein de l’école de gendarmerie d’Abidjan, où il était incarcéré depuis janvier dernier.
D’après les premiers éléments de l’enquête judiciaire, Alino Faso se serait donné la mort en se pendant avec un drap de lit, après avoir, en vain, tenté de se trancher les veines. Le médecin légiste chargé de l’autopsie a confirmé cette hypothèse, tout en soulignant que les circonstances précises du suicide présumé restent à éclaircir. Aucune vidéo de surveillance ni témoignage direct n’a pour l’instant été rendu public pour étayer ce scénario.
Installé en Côte d’Ivoire depuis plusieurs années, Alino Faso s’était imposé comme une figure médiatique et politique influente au sein de la diaspora burkinabè. Il était notamment connu pour son soutien sans réserve à la junte militaire au pouvoir à Ouagadougou, dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré. Sur les réseaux sociaux, il relayait régulièrement des messages pro-régime, critiquant l’ordre constitutionnel, les puissances étrangères, et appelant à une solidarité africaine souverainiste.
Son arrestation par les autorités ivoiriennes, en janvier 2025, avait suscité une vive émotion au sein de ses partisans. Aucune justification publique claire n’avait alors été donnée, si ce n’est une déclaration laconique des autorités évoquant une « arrestation en bonne et due forme ». Ce silence officiel avait alimenté de nombreuses spéculations sur la nature de ses activités en Côte d’Ivoire.
Le communiqué du procureur publié ce dimanche jette une lumière nouvelle sur les chefs d’accusation retenus à l’encontre de l’activiste. Il y est notamment question d’« intelligence avec des agents d’un État étranger », de « complot contre l’autorité de l’État » ainsi que de « diffusion de fausses informations de nature à démoraliser la population ». Autrement dit, Alino Faso était soupçonné de jouer un rôle actif dans des réseaux visant à déstabiliser l’État ivoirien.
Aucune précision n’a toutefois été apportée sur les éléments concrets soutenant ces accusations ni sur l’évolution de la procédure judiciaire avant son décès. L’absence de procès et de transparence continue de nourrir le scepticisme dans l’opinion publique.
Depuis l’annonce de son décès, les réseaux sociaux sont le théâtre de réactions vives, mêlant émotion, indignation et théorie du complot. Tandis que certains dénoncent un acte désespéré face à une détention jugée arbitraire, d’autres réclament une enquête indépendante pour écarter tout soupçon de mauvais traitements ou d’assassinat déguisé. Au Burkina Faso, plusieurs voix de la société civile appellent à des explications claires de la part d’Abidjan, dans un contexte diplomatique déjà sensible entre les deux pays.
La mort d’Alino Faso ne constitue pas seulement un fait divers judiciaire. Elle révèle également les tensions politiques latentes dans la région, marquée par des régimes militaires au pouvoir dans plusieurs pays sahéliens et par une polarisation croissante de l’opinion publique autour des questions de souveraineté, d’ingérence et de sécurité.
En attendant les conclusions définitives de l’enquête, la disparition de cet activiste charismatique soulève des questions essentielles sur les libertés d’expression, le respect des droits des détenus, et la gestion des dissidences politiques dans l’espace ouest-africain.
LA REDACTION
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